C'est un honneur pour moi d'avoir été proposé à la présidence de l'AFITF par le Président de la République et d'être devant votre commission pour cette audition. L'AFITF fait partie des établissements publics de l'Etat dont la nomination par le Président de la République est soumise à un avis des commissions compétentes des deux assemblées parlementaires. Si le Président de la République a proposé ma candidature, c'est bien sûr parce que je suis parlementaire, comme l'étaient avant moi les deux précédents présidents Gérard Longuet et Dominique Perben, mais ce n'est pas une raison suffisante. Comme beaucoup de parlementaires, je porte une attention particulière aux questions de transports et de mobilité. Alors que j'étais rapporteur pour l'Assemblée Nationale de la loi d'orientation et d'aménagement durable du territoire, j'ai mesuré le retard pris par notre pays dans le domaine des transports : il ne suffit pas de reconnaître un droit à la mobilité pour tous ou de militer pour le transfert modal pour atteindre ces objectifs. Avec Jacques Oudin, alors sénateur, j'ai créé l'association Transport Développement Intermodalité Environnement (TDIE) pour militer en faveur d'infrastructures financées, programmées, acceptables pour nos concitoyens, compatibles avec les exigences du développement durable, car il n'y a pas de politique de transports sans un financement régulier et protégé. Voilà pourquoi nous avons plaidé dès 2001 pour l'affectation d'une recette à une structure de cantonnement. En décembre 2003, le comité interministériel d'aménagement et de développement du territoire (CIADT) dressait la liste des infrastructures nécessaires à l'horizon 2020 ; la création de l'AFITF, bénéficiant d'une recette robuste et croissante - les dividendes des sociétés d'économie mixte concessionnaires d'autoroutes (Semca) - rendait crédible ce qui aurait pu ne rester qu'un catalogue. Le décret de création fut publié en décembre 2004 ; M. Oudin et moi-même avons été nommés au conseil d'administration en qualité de personnes qualifiées.
Au sein de l'Agence, l'expérience des élus locaux est précieuse, et j'ai moi-même tiré parti, sur les questions ferroviaires, de celle que j'avais acquise en tant que président de conseil régional et, sur les transports en commun en site propre (TCSP), en tant qu'élu d'une grande ville. Comme beaucoup d'élus, nous savons qu'il faut doter notre pays d'infrastructures de transport suffisantes et efficaces qui garantissent l'accessibilité et la compétitivité de tous nos territoires. A en croire certains experts, les réseaux existants, denses et de bonne qualité, suffiraient ; mais nous savons qu'il reste beaucoup à faire, aussi bien dans les territoires denses comme l'Ile-de-France que dans les régions périphériques ou rurales.
Ayant pris conscience, depuis plus de dix ans, de l'importance des externalités du transport - bruits, pollutions diverses, accidentologie, coût de la congestion -, nous sommes amenés à revoir les politiques menées depuis plusieurs décennies : un consensus s'est dégagé à ce sujet lors du Grenelle de l'environnement. Mais le contexte économique et budgétaire contraint impose des réaménagements : le ministre délégué aux transports y invite lorsqu'il déclare qu' « il faut mettre de l'ordre dans le SNIT », et le rapport récent du Cercle des transports intitulé Transports et dette publique va dans le même sens.
L'AFITF est un outil et une garantie au service de cette ambition politique, mais aussi un lieu d'expertise et d'échange pour mieux prendre en compte les contraintes liées à la crise. Elle assure la continuité de la politique d'investissement et l'affectation plus que jamais indispensable de certaines recettes. C'est le lieu unique de programmation de l'effort national pour les infrastructures. À une époque où les grandes infrastructures nationales appellent des financements croisés et une participation importante des collectivités territoriales, l'AFITF est un lieu d'échange et de codécision encore imparfait entre l'Etat central et les parlementaires qui, pour certains d'entre eux, sont encore responsables de grandes collectivités territoriales.