M. Duron a un défaut : il est socialiste. Nul n'est parfait. Cela mis à part, c'est la personne idoine pour occuper ce poste. D'une part, il n'est pas anormal que l'AFITF soit dirigée par quelqu'un de la même sensibilité politique que le Gouvernement. D'autre part, M. Duron a les qualités requises. Depuis sa création en 2004, l'AFITF est sur le fil du rasoir. Nous avons décidé alors de cantonner des fonds publics pour financer les projets d'infrastructures de transport qui contribuent à l'attractivité de notre territoire. A cet égard, je regrette comme vous que les autoroutes aient été privatisées comme elles l'ont été. Si des recettes spéciales n'étaient pas affectées à l'AFITF mais versées au budget général, elles auraient tôt fait de s'évaporer...
Les critiques de la Cour des comptes sont formelles. Pour notre part, nous sommes pragmatiques, et nous savons que supprimer l'AFITF serait une erreur. Il faut au contraire renforcer ses missions, tout en rendant son fonctionnement plus transparent et en y associant davantage le Parlement.
M. Duron est reconnu en France comme à l'étranger comme l'un des parlementaires qui connaissent le mieux les problèmes des infrastructures et des transports : son rôle à la tête de TDIE et ses travaux personnels en attestent. En tant que vice-président de TDIE, j'ai pu constater que, malgré nos divergences politiques, nous pouvions collaborer sans difficulté au service de l'intérêt général. Comme on dit chez moi, les trottoirs ne sont ni de droite, ni de gauche !
L'AFITF doit être modernisée, ses missions confortées, comme j'en avais fait la demande à Mme Kosciusko-Morizet, afin qu'elle ne soit pas qu'une boîte aux lettres. Oui, il faut lui confier une mission d'expertise financière à l'allemande : parlementaires et magistrats financiers pourraient l'aider à ne pas s'attirer des reproches d'ailleurs excessifs. Chacun sait que le SNIT n'est plus en phase avec nos moyens budgétaires. L'AFITF, institution où les diverses orientations politiques sont représentées, serait donc bien placée pour proposer - je dis bien : proposer - une hiérarchisation, voire une sélection des projets.
Il faut aussi faire évoluer sa gouvernance : les collectivités territoriales, qui participent au financement des infrastructures, doivent y être représentées ès qualités, et la nomination d'un vice-président serait un bon moyen d'en garantir l'équilibre politique. Dans un souci de transparence, les réunions du conseil d'administration pourraient être ouvertes au public et à la presse : nous n'avons rien à cacher, les dossiers qui nous sont soumis sont très bien constitués, grâce notamment à Jean-Claude Paravy, secrétaire général de l'Agence. Enfin, il est nécessaire de mieux associer le Parlement à ses travaux.
Vous saurez donc, je n'en doute pas, faire en sorte que l'Agence remplisse ses missions avec rigueur et soit de ce fait inattaquable.