Intervention de Nicole Bonnefoy

Mission d'information sur les pesticides — Réunion du 12 juin 2012 : 1ère réunion
Audition du dr nadine houedé oncologue à l'institut bergonié centre régional de lutte contre le cancer de bordeaux et du sud-ouest

Photo de Nicole BonnefoyNicole Bonnefoy :

Voyez-vous beaucoup de cas ?

Dr Nadine Houedé. - Je suis personnellement confrontée à au moins quatre cas de maladies professionnelles par an.

Êtes-vous en contact avec d'autres médecins ?

Dr Nadine Houedé. - Je suis référent régional. Je travaille donc avec tous les cancérologues exerçant dans un rayon de deux cents kilomètres. Les exploitants sont également nombreux en Dordogne, dans le Lot-et-Garonne et les Landes. Nous rencontrons donc tous des cas de maladies professionnelles, même si nous n'avons pas mis en place de décompte précis. Peut-être devrions-nous ouvrir un registre afin de recueillir des données épidémiologiques, par exemple en nous associant avec l'équipe du Dr Baldi, qui tient déjà un registre en Gironde.

La médecine du travail est présente aux côtés des cancérologues. Pour ma part, j'ai travaillé avec le Dr Bénédicte Clin-Godard, médecin du travail, sur les bonnes pratiques en matière de cancers de la vessie liés à l'ensemble des produits chimiques potentiellement cancérogènes. Nous avons établi des grilles de recommandations, de diagnostic précoce et de suivi des personnes exposées.

Les difficultés dans le monde agricole résident dans le fait que les travailleurs, indépendants, ne disposent pas d'un dispositif de surveillance médicale. Ils n'ont, par exemple, pas directement accès à la médecine du travail. La surveillance est donc assurée par leur médecin traitant. Le père de Frédéric Ferrand vous a sans doute raconté les difficultés qu'il avait rencontrées pour accéder à la consultation de pathologie professionnelle du CHU de Poitiers.

Pour ma part, il me semblerait important de mettre en place une campagne de prévention primaire, avec l'identification des substances cancérogènes présentes dans l'environnement du travail, l'évaluation de l'exposition individuelle, notamment en termes de qualité des protections, et une campagne d'information des utilisateurs. En effet, l'adhésion des utilisateurs à la démarche constitue un premier pas indispensable. Certains agriculteurs auraient l'impression de revenir quarante ans en arrière si l'interdiction des pesticides leur était imposée. Néanmoins, ils doivent savoir dans quelle mesure ils peuvent les utiliser et connaître les mesures de protection à leur disposition.

Une campagne de prévention secondaire doit également être mise en place à travers la surveillance médico-professionnelle des travailleurs exposés et une attention particulière portée au maintien de leur lien avec le monde médical, représenté par les médecins traitants, la médecine du travail ou des services de santé publique.

Ne pourrait-on imaginer la mise en place d'un dispositif de médecine du travail pour les agriculteurs ?

Dr Nadine Houedé. - En effet. Il existe déjà des médecins qui battent la campagne en camion. La généralisation d'un tel système ne serait ni compliquée ni coûteuse. Les médecins suivant ces patients doivent, par ailleurs, avoir une formation suffisante pour connaître les risques auxquels sont exposés les exploitants et établir des diagnostics précoces.

Pour le cancer de la vessie, nous avons évoqué la possibilité de mettre en place une cytologie urinaire annuelle afin de détecter les cellules anormales. En cas de risque accru de cancer du sein, des mammographies systématiques pourraient également être prescrites. Les médecins disposeraient d'une grille destinée à prescrire à l'exploitant les examens correspondant aux risques liés à son activité. L'existence d'une telle grille constituerait un grand pas.

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