Intervention de Serge Larcher

Réunion du 24 septembre 2012 à 14h30
Création des emplois d'avenir — Article 1er

Photo de Serge LarcherSerge Larcher :

Madame la présidente, messieurs les ministres, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, j'ai beaucoup entendu de critiques au sujet du projet de loi relatif aux emplois d'avenir que nous évoquons aujourd'hui. Tout texte est critiquable, et celui-ci comporte évidemment des aspects qui peuvent être améliorés. Pour le cas d'espèce, ce qui me gêne dans le discours de certains, c'est le caractère strictement idéologique de leur opposition.

Si je les entends bien, l'emploi d'avenir ne serait pas acceptable parce que le rôle de l'État n'est pas de subventionner l'emploi. Si je les entends encore, l'État n'en aurait pas les moyens. Si je les entends, enfin, ces emplois iraient à l'encontre d'un nécessaire mouvement de réduction des effectifs des collectivités publiques.

Je souhaite ici analyser très sereinement ces trois arguments.

Sur le premier point, au sujet du rôle de l'État en matière de financement de ces emplois, je considère qu'il s'agit d'une nécessité.

Certes, dans un monde parfait, la création d'emplois n'a pas besoin d'être encouragée et procède simplement de la rencontre d'un besoin et d'une offre. Mais, en l'occurrence, nous ne sommes pas dans un monde parfait, nous sommes dans un monde en crise. Oui, en crise, et gravement en crise !

Quand près de 500 000 jeunes sont sans emploi et sans formation, il n'est plus temps de se demander si l'État doit agir, il doit agir et il est temps d'agir !

Je le dis avec d'autant plus de conviction que la situation est encore plus dramatique dans les régions d'outre-mer où plus de la moitié des jeunes sont au chômage et parmi eux, 41 % n'ont aucune qualification.

Dans une telle période, l'intervention de l'État en faveur de l'emploi n'est donc pas seulement une option : elle procède d'une nécessité, voire d'une obligation.

Sur le deuxième point, au sujet du coût du dispositif, ce débat dépasse toute logique strictement budgétaire. En fait, la véritable question consiste à se demander quel est le coût du défaut de formation et de l'inactivité chronique d'une partie de la jeunesse. Et au-delà du coût économique de prise en charge de l'exclusion, je parle du coût social et sociétal.

Un pays peut-il espérer se développer durablement en laissant sur le bord de la route une partie de ceux qui devraient justement construire son avenir ? Le coût de l'inactivité, c'est parfois la désespérance, la drogue, la violence. C'est une charge ô combien plus lourde pour notre société que les moyens que mobilisera l'État sur ces emplois d'avenir !

Pour finir, j'aimerais évoquer l'apparente contradiction qui consisterait à vouloir mettre en place d'un tel dispositif dans une période où il y aurait nécessité à réduire les effectifs des collectivités publiques.

L'argument est intéressant, mais ceux qui en usent feignent d'ignorer que cette même période est celle du papy-boom, où le rythme des départs à la retraite est élevé.

Pour ma part, je vois dans les emplois d'avenir une opportunité pour former ceux qui, demain, devront occuper une partie des emplois qui se libèrent. Pour les collectivités territoriales, l'intérêt du dispositif est de pouvoir former progressivement, selon une logique de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, les futurs professionnels du service public. Il ne s'agit pas simplement de créer un effet d'aubaine et d'occuper des jeunes durant trois ans, puis, de s'en débarrasser. Il s'agit de les préparer à prendre véritablement et efficacement leur place dans la société.

Pour toutes les raisons que je viens d'évoquer, il me semble donc, chers collègues, que l'enjeu est bel et bien d'améliorer le dispositif qui est une chance pour notre jeunesse, et notamment celle des outre-mer. Nous voterons donc ce texte. §

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