Il faut revenir à l'origine de ce projet de loi.
Le point de départ est un constat : le chômage a augmenté comme jamais dans notre pays, les jeunes au chômage n'ont jamais été aussi nombreux et ceux qui habitent dans les quartiers difficiles n'ont jamais été aussi en difficulté.
Face à cette situation, le Gouvernement et la majorité veulent prendre le taureau par les cornes. L'idée est simple : il s'agit de remettre les jeunes sur le chemin de la République, de la sociabilité, de l'emploi. Or nous savons bien que ces jeunes – nous les connaissons tous, qu'ils habitent dans la Drôme, l'Orne ou les Yvelines – ne peuvent pas immédiatement trouver un emploi dans le secteur marchand ; c'est impossible parce qu'ils sont cassés, ayant été complètement exclus.
Il faut donc trouver un moyen de résoudre ce problème. Le système des emplois d'avenir est simple : il s'agit de remettre le pied à l'étrier à tous les jeunes sans formation, avec une spécificité pour les départements et régions d'outre-mer. Pour ce faire, nous devons leur trouver un emploi dans le secteur non marchand associé à une formation. C'est le cas dans notre dispositif.
Pourquoi regardons-nous d'abord dans certains quartiers ? Cela me semble évident. D'ailleurs, si vous avez créé les ZUS et l'ANRU, l'agence nationale pour la rénovation urbaine, et mis en œuvre la politique de la ville, c'est bien parce qu'il y a un problème ! Durant la précédente mandature, vous n'avez pas cessé, certes sans grand succès, de mettre en exergue la politique de la ville. Ce n'est pas nous qui avons évoqué la discrimination positive, une expression que je rejette, d'ailleurs : c'est vous !
Nous voyons bien, mes chers collègues – appelons un chat un chat –, que, s'il y a des jeunes en difficulté dans les cantons ruraux de la Drôme, ils sont beaucoup moins nombreux que dans certains territoires urbains. Je pense à ces barres d'immeubles où aucun jeune ne travaille et à ces quartiers où le chômage des jeunes atteint 60 %.
Ce projet de loi est équilibré. D'une part, nous traiterons le problème de ces ghettos en embauchant prioritairement des jeunes issus des quartiers en difficulté, là où la détresse est terrible, ainsi que les actualités nous le rappellent quotidiennement, et, d'autre part, comme il ne faut pas faire de discrimination ni de ségrégation – M. le ministre l'a bien dit lors de la discussion générale –, nous agirons également en faveur des jeunes des zones rurales et des petites villes, car on y rencontre la même désespérance.
Je le répète, il y a tout de même beaucoup plus de jeunes en difficulté dans les zones urbaines que dans les zones rurales, et c'est la raison pour laquelle nous soutenons le Gouvernement dans sa volonté de s'occuper en priorité des quartiers difficiles, afin de les « désengorger », tout en aidant les jeunes sur l'ensemble de notre territoire. Telle est la philosophie du projet de loi.
De plus, la plupart des jeunes des quartiers difficiles sortent du système scolaire sans formation ; ils doivent donc être privilégiés. Nous pouvons tous, me semble-t-il, partager ce point de vue.
La priorité doit être accordée aux résidents des zones urbaines sensibles, des zones difficiles, qui connaissent la plus grande détresse. Parallèlement, les jeunes des départements ruraux doivent aussi avoir voix au chapitre.
Si nous arrivons à remettre le pied à l'étrier pour ces 150 000 jeunes, ils retrouveront alors espoir.
Aujourd'hui, non seulement les jeunes ne vont pas voter, mais encore ils nous reprochent, à nous, les vieux, …