Intervention de Jacques-Bernard Magner

Réunion du 24 septembre 2012 à 14h30
Création des emplois d'avenir — Discussion en procédure accélérée d'un projet de loi dans le texte de la commission

Photo de Jacques-Bernard MagnerJacques-Bernard Magner :

On voit bien que la réforme de la mastérisation, en application de laquelle les enseignants sont recrutés parmi les titulaires d’un master, a abouti à la réduction du nombre de candidats dans certaines matières et à l’éviction des jeunes des catégories sociales les plus modestes. Les étudiants boursiers, qui sont 44 % en licence, ne sont plus que 33 % en master alors que leurs résultats sont bons.

Il faut donc nous soucier des effets désastreux de la mastérisation sur le vivier des candidats issus de milieux modestes, pour lesquels on compte moitié moins d’étudiants en master qu’en licence.

Par ailleurs, et les statistiques le montrent, les enfants de cadres réussissent trois à quatre fois plus fréquemment que les enfants d’employés ou d’ouvriers les études longues à l’université. On ne peut pas continuer à accepter un tel décalage entre la réalité de notre société, sa diversité, qui en fait sa richesse, et la composition sociologique du corps professoral, qui est chargé de son enseignement, de son éducation et de ses formations.

Du reste, même sous le précédent quinquennat, des rapports préconisant l’adoption de mesures en faveur d’un recrutement diversifié des enseignants ont été publiés, à commencer par celui de la commission sur la condition enseignante, installée par Xavier Darcos, rapport qui préconisait la création d’instituts de préparation à l’enseignement secondaire, ou IPES, pour les jeunes issus de catégories sociales défavorisées. Dommage qu’on en soit resté aux constats et aux déclarations d’intention !

Mes chers collègues, le métier d’enseignant a longtemps porté la marque du pacte républicain entre l’école et la nation. Il est grand temps de créer les conditions d’un contrat moral refondé, lien essentiel entre la République et sa jeunesse.

Face à une telle situation, le Gouvernement a décidé d’agir rapidement, conformément au mandat qui lui a été confié.

Comme je l’ai rappelé, plusieurs mesures ont déjà été adoptées dans le cadre du projet de loi de finances rectificative pour 2012 que nous avons voté au mois de juillet dernier. C’était une première étape nécessaire. Aujourd’hui, nous travaillons à la mise en place d’une autre avancée importante, la création des emplois d’avenir professeur prévus par l’article 2 du présent projet de loi. Ces emplois constituent l’un des piliers de la refondation de l’école publique, chantier qui passe également par la redynamisation du recrutement dans l’enseignement.

Nous pouvons nous réjouir que le Gouvernement ait fait le choix de consacrer une part importante des emplois d’avenir, 18 000 sur un total de 150 000, au pré-recrutement des enseignants, permettant ainsi de préserver le rôle de promotion sociale et républicaine des concours de l’enseignement.

Les emplois d’avenir professeur permettront d’accompagner dans leur formation des jeunes issus des zones urbaines sensibles souhaitant se consacrer au métier d’enseignant. Ils permettront également de prévenir le risque d’éviction des étudiants modestes des concours de l’enseignement.

Ainsi, l’année prochaine, pour 6 000 jeunes auxquels il faut offrir un avenir, l’enseignement sera une solution.

Notre rapporteur a très bien présenté le dispositif emplois d’avenir professeur, ciblé et rigoureusement encadré, qui nous est proposé. La mesure bénéficiera aux étudiants boursiers âgés de moins de vingt-cinq ans – la limite d’âge est repoussée à trente ans pour des jeunes en situation de handicap – et s’adressera en priorité aux jeunes issus des zones urbaines sensibles, des zones d’éducation prioritaires ou ayant poursuivi leurs études dans les établissements des quartiers concernés. On peut se féliciter que les zones de revitalisation rurale soient également prises en compte par le dispositif.

Ces jeunes devront s’engager à parfaire leur formation dans un établissement d’enseignement supérieur et à se présenter à l’un des concours de recrutement des corps d’enseignants de l’éducation nationale.

D’une part, la durée de trois ans prévue pour le contrat est importante, car elle constitue un temps d’accompagnement suffisamment long pour inciter les jeunes des milieux modestes à concrétiser leur vocation. C’est là une véritable différence avec les bourses de mastérisation que le précédent gouvernement avait mises en place et qui étaient seulement versées pendant la première année de master. §

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