Intervention de Maryvonne Blondin

Réunion du 24 septembre 2012 à 14h30
Création des emplois d'avenir — Discussion en procédure accélérée d'un projet de loi dans le texte de la commission

Photo de Maryvonne BlondinMaryvonne Blondin :

Monsieur le président, messieurs les ministres, mes chers collègues, le projet de loi dont nous débattons aujourd’hui rejoint le fil rouge de la campagne de François Hollande, la jeunesse, dont il a fait sa première priorité. « Cette jeunesse qui doit retrouver confiance en elle, trouver toute sa place dans son propre pays », selon les propres mots du Président de la République.

Comment atteindre cet objectif ? Il s’agit, en premier lieu, de proposer à ces jeunes une fenêtre d’entrée dans la vie professionnelle, une première expérience associée à une formation. Je parle d’une véritable formation, qui n’a rien à voir avec celle qui avait été promise aux auxiliaires de vie scolaire, les AVS.

Que les jeunes Français aient un avenir plus sombre et un niveau de vie inférieur à celui de leurs parents est inacceptable pour les uns et pour les autres.

Il nous faut absolument redonner un espoir à nos jeunes, qui représentent notre avenir. Et cet espoir passe par l’emploi. Les jeunes auront ainsi la possibilité de se projeter, de pouvoir accéder plus facilement à un logement autonome et de voir l’horizon s’éclaircir, tout en étant accompagnés dans leur parcours professionnel.

Les chiffres et les études sont en effet alarmants et donnent le vertige. Nous en avons déjà cité plusieurs, mais le dernier constat dressé par l’Organisation internationale du travail, l’OIT, dans un rapport du 22 mai, est sombre : dans le monde, plus de 75 millions de jeunes de quinze à vingt-quatre ans sont au chômage, soit une augmentation de plus de 4 millions depuis le début de la crise en 2007. Et c’est dans les économies développées et dans l’Union européenne que l’on observe l’augmentation la plus importante de ce taux de chômage.

Au fond, l’objectif de ces emplois d’avenir est simple : donner enfin une première expérience professionnelle solide à une partie de cette jeunesse, qui est aujourd’hui dans la situation la plus critique. « Vous avez le droit d’être exigeants », disait Jean Jaurès en s’adressant à la jeunesse. À nous, législateurs, d’être à la hauteur de cette exigence légitime.

Ce texte parle d’emplois, certes, mais il s’inscrit également au cœur de l’ambition républicaine. Car il exprime la volonté de justice et d’égalité sur notre territoire.

J’ai pour ma part été particulièrement attentive aux dispositions de l’article 2 du texte, qui a pour objet de faciliter l’accès au métier d’enseignant des jeunes lestés par les déterminismes sociaux ou économiques.

Les emplois d’avenir professeur permettront donc d’accompagner des jeunes qui, souhaitant poursuivre des études et se destiner aux métiers de l’enseignement, ne peuvent plus le faire faute de moyens.

C’est une mesure novatrice, qui vise à la fois à diversifier l’origine sociale du corps enseignant et à enrayer la désaffection à l’égard des concours de recrutement.

La première vertu de cet article est de créer un vivier de futurs enseignants. Il permet de rompre avec l’engrenage dont l’éducation nationale était prisonnière depuis une dizaine d’années, et qui a vu, au terme de coupes budgétaires dramatiques, la disparition de près de 90 000 postes d’enseignants.

L’autre exigence du dispositif répond à une forte ambition républicaine : mettre fin à l’exclusion dont sont victimes les jeunes issus de familles modestes, défavorisés face à l’enseignement supérieur.

Dans ses Regards sur l’éducation 2012, l’OCDE engage les gouvernements à faire des efforts pour « inciter les meilleurs talents académiques à devenir enseignants », considérant que « la qualité des enseignants est le facteur le plus déterminant de la performance des élèves ». Ce projet de loi leur permettra donc de se rendre compte de la réalité du métier d’enseignant, tandis que l’on a pu mesurer à l’inverse les dégâts provoqués par la suppression de la formation parmi les jeunes professeurs.

L’emploi d’avenir professeur devrait ainsi encourager les vocations chez les jeunes qui, malgré de bons résultats scolaires et universitaires, n’auraient peut-être jamais envisagé sans cela des études longues trop chères pour eux.

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