Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, une page se tourne, un dernier chapitre se termine, un livre se referme aujourd'hui, celui de l'histoire économique de l'outre-mer durant ces dernières décennies, une histoire faite d'abus de toutes sortes et construite à partir de monopoles, d'oligopoles et autres positions dominantes, tous insolents, voire provocateurs.
Et si la colonie ne s'éteignait que ce soir seulement ? Vous l'aurez compris, mes chers collègues, ce jour est un grand jour. Ce n'est pas l'aboutissement d'un combat, car le combat pour la justice ne s'arrête jamais, mais c'est le début d'une nouvelle ère pour les outre-mer.
Ce texte sur la régulation économique outre-mer, sur la lutte contre la vie chère et une partie de ses racines profondes, représente une véritable rupture avec un système jusqu'ici verrouillé. Tous les mots sont pesés.
Monsieur le ministre, vous avez porté ce texte novateur jusqu'à cet hémicycle. Au mois de juillet dernier, lors de votre premier déplacement officiel à la Réunion, je ne pensais pas que vous parviendriez à le conserver intact.
Vous avez fait mieux : vous l'avez positivement enrichi. L'article additionnel sur le « bouclier qualité prix » l'atteste, ainsi que l'adoption de l'amendement que j'ai présenté en commission, portant sur l'ouverture de la « gestion des facilités essentielles » à la concurrence.
Monsieur le ministre, je salue les convictions chevillées au corps que vous avez manifestées avec ardeur et un courage certain lors de la défense de ce texte.
Vous vous êtes sûrement heurté à tous les archaïsmes, aux conservatismes, à toutes ces puissances qui ont fait plier tant de bonnes volontés dans le passé. Vous n'avez pas cédé, car vous savez que la population ultramarine, dans sa grande majorité, vit une véritable désespérance sociale. Nous avons tous en mémoire les colères contre la vie chère qui se sont exprimées, ces dernières années, dans tous nos territoires.
Le texte qui nous est soumis est certes très technique, mais il s'attaque de front, et au fond, à tous les mécanismes qui verrouillent notre économie, paralysent son développement et sont à l'origine, pour une bonne part, de la vie chère.
C'est une belle « boîte à outils » que vous nous livrez au travers du présent texte, monsieur le ministre.
L'injonction structurelle ou l'interdiction des clauses d'exclusivité, le renforcement du contrôle des concentrations sont des armes dissuasives pour rendre enfin normal le fonctionnement de nos économies, pour donner enfin de la respiration à nos sociétés.
La vie chère est un problème majeur dans nos territoires, mais les mesures structurelles proposées dans cette loi vont encore plus loin car, en favorisant la concurrence, en la rendant sincère, libre et loyale, elles favoriseront l'émergence d'activités, le développement tout court : la création d'entreprises, la création d'emplois, le développement social.
Cette promesse d'un développement solidaire, cette promesse d'un véritable changement, les ultramarins l'ont plébiscitée lors des dernières élections présidentielle et législatives. Cette loi, mes chers collègues, restera, quoi qu'on en dise, un marqueur du changement.
Dans les combats que vous engagez au travers de ce texte, vous me trouverez à vos côtés, monsieur le ministre, pour les faire vivre de manière responsable, car ces combats seront rudes et la pédagogie permanente devra être la démarche maîtresse.
Pour conclure, je reprendrai les mots d'Hannibal s'engageant dans la traversée des Alpes avec des éléphants, au iiie siècle avant Jésus-Christ : « Nous trouverons un chemin, ou nous en tracerons un. » Quel beau et grand chantier vous nous ouvrez ici : merci, monsieur le ministre ! §