Nous sommes passés d'une économie de comptoir à une économie de marges, à laquelle il faut s'attaquer. Je présenterai un amendement ayant cet objet.
J'invite le Gouvernement à ouvrir une perspective d'intégration des territoires d'outre-mer dans leur environnement régional, tout en veillant, bien sûr, à la production locale.
La structure des prix met trop souvent en relief cette aberration absolue consistant, par exemple, à importer de la métropole vers la Guyane des produits brésiliens. Il faut, et c'est le jeu de la concurrence, faciliter l'accès du consommateur ultramarin à ces produits presque locaux. Cela consistera, hélas, à encadrer, au bénéfice de la sécurité du consommateur, une pratique déjà existante, tant la débrouillardise, sinon la contrebande, est la réponse la plus courante à la vie chère.
Cela étant, si le jeu de la concurrence est un élément important dans la fixation des prix, il n'est pas le seul.
Tout d'abord, le seul renforcement de la concurrence ne peut suffire à remédier aux contraintes en matière d'accès aux marchés : les difficultés logistiques, le déséquilibre des flux sont autant de facteurs qui conduisent les opérateurs de fret à ne pas pratiquer des tarifs avantageux.
Ensuite, les effets de la concurrence sont peu perceptibles par le consommateur. Celui-ci a un point de repère, son pouvoir d'achat. Or ce dernier est également lié au revenu. La lutte contre la vie chère par le biais d'une concurrence effective ne doit en aucun cas conduire à négliger le soutien au développement économique que la situation des territoires d'outre-mer exige.
Monsieur le ministre, l'État doit donc jouer un rôle de stratège, consistant à renforcer les règles du marché au bénéfice des consommateurs, à inciter les opérateurs privés à contrôler leurs marges. Mais il est également de sa responsabilité d'être l'un des acteurs du développement économique des territoires d'outre-mer, condition même d'une vie moins chère.
Monsieur le ministre, chers collègues, les territoires ultramarins sont pris dans la nasse constituée de toutes les contraintes qui pèsent sur leur économie et n'ont pas de marge de manœuvre pour en sortir. Or on leur enjoint de surcroît de faire aussi bien qu'ailleurs, d'appliquer les normes européennes, de participer à l'effort national en temps de crise… On risque l'asphyxie ! Parallèlement, une image d'assistés, de « danseuses » ou de bénéficiaires de niches fiscales nous colle toujours à la peau. Il est temps que les vérités soient dites et comprises. §