M. le ministre, lorsqu'il était député, avait déposé une proposition de loi à l'Assemblée nationale tendant à prohiber cette différence de taux de sucre. Il déplorait la concentration en sucre des aliments et des boissons dans les départements d'outre-mer, en particulier aux Antilles.
Les Antilles sont le fruit d'une histoire. Peut-être vous rappelez-vous que les pays les composant étaient anciennement appelés les « îles à sucre » ? à l'époque où celui-ci ne pouvait être extrait qu'à partir de la canne, c'étaient les Antilles qui fournissaient cette denrée à la métropole. Elles n'existaient d'ailleurs que grâce à cette production.
Le sucre abondant a façonné le goût des Antillais, qui ont désormais une propension à en consommer beaucoup. Il faut ajouter à cela que seules deux possibilités existaient pour conserver les aliments : le sucre et le sel. Pour cette raison, en Martinique comme partout aux Antilles, nous mangeons très sucré et très salé. La raison de la présence abondante de sucre dans les produits que vous mentionnez est donc liée à notre histoire.
Cela dit, vous avez raison de constater, ma chère collègue, que l'obésité fait des ravages dans les DOM, et en particulier aux Antilles. La surconsommation de sucre et de sel doit naturellement être incriminée, mais aussi celle de ce que l'on appelle les « bas morceaux ». Les produits sont chers sur nos îles. Dès lors, pour nourrir les enfants, on doit leur remplir le ventre avec des produits de mauvaise qualité qui, in fine, accroissent le risque d'obésité. C'est pourquoi les DOM doivent également déplorer un très fort taux de diabète et de maladies cardio-vasculaires, ce qui n'était pas le cas auparavant. À l'époque de l'esclavage, ce type de maladies n'existait pas. De même, l'hypertension artérielle est très répandue, et je parle sous le contrôle de mon collègue Jacques Gillot, qui est médecin.
Tout cela affecte énormément la population, si bien que, aujourd'hui, si l'espérance de vie a augmenté grâce aux progrès de la médecine, elle régresse du fait des accidents de santé dus à l'alimentation, au sucre, au sel et à la consommation de produits de mauvaise qualité.
Aussi attendons-nous beaucoup du « bouclier qualité prix ». Nous espérons pouvoir trouver, dans le panier de la ménagère, des produits à bas prix mais de bonne qualité diététique.