Intervention de Aurélie Filippetti

Réunion du 25 septembre 2012 à 9h30
Questions orales — Démographie pharmaceutique

Aurélie Filippetti, ministre de la culture et de la communication :

Madame la sénatrice Maryvonne Blondin, je vous prie tout d’abord de bien vouloir excuser l’absence de Mme Marisol Touraine ce matin.

Le Gouvernement souscrit à votre constat, madame la sénatrice : il hérite du gouvernement précédent une situation très difficile en matière d’attractivité des professions de santé de proximité. Vous le savez – des questions sur ce sujet sont en effet régulièrement posées dans cet hémicycle –, la situation est très grave en ce qui concerne la présence des médecins généralistes dans nos territoires. Mais les chiffres que vous évoquez au sujet des pharmaciens, et notamment des pharmaciens d’officine, soulèvent de nombreuses questions.

En effet, les pharmaciens d’officine représentent un maillon indispensable de notre système de santé : ils sont très proches de nos concitoyens et cette relation de proximité avec ces derniers est déterminante.

Le maillage officinal est aujourd’hui un atout pour notre pays. Les règles assez strictes qui l’encadrent ont permis d’assurer une présence des pharmacies sur l’ensemble du territoire : il est donc indispensable de conserver cette densité qui fait la qualité du maillage.

Pour y parvenir, il convient en premier lieu de stopper le processus de désertification médicale. En effet, la principale menace qui pèse sur les pharmacies rurales est le départ de médecins eux-mêmes. Sur ce sujet, le Gouvernement est en train d’élaborer des dispositifs destinés à enrayer ce processus de désertification.

Mais, au-delà de la survie des pharmacies rurales, l’attrait du métier de pharmacien d’officine doit être renforcé. Les pharmaciens sont trop souvent perçus comme des distributeurs de médicaments sans grande valeur ajoutée, alors que la dispensation est un acte important pour la santé de nos concitoyens : elle permet de contrôler les risques liés à la prise de médicaments et de s’assurer que le patient comprend bien son traitement et sera en capacité de le suivre. Plus globalement, le pharmacien est un professionnel de santé de premier recours qui doit davantage être intégré dans les équipes de soins de proximité. Il doit notamment occuper toute sa place dans l’éducation thérapeutique et la prévention.

Le Gouvernement souhaite tout d’abord une meilleure valorisation de l’acte de dispensation. Actuellement, les pharmaciens sont rémunérés en fonction de la seule marge commerciale réalisée sur la vente des boîtes de médicaments. Il faut donc modifier ces critères de rémunération pour qu’une partie des revenus des pharmaciens soit fonction de l’acte de dispensation, des conseils et du travail qualitatif qui l’accompagnent, et non plus seulement des seuls enjeux commerciaux. C’est pourquoi le Gouvernement a demandé au directeur général de l’Union nationale des caisses d’assurance maladie, l’UNCAM, de négocier un avenant conventionnel avec les représentants des pharmaciens pour atteindre cet objectif.

Le Gouvernement souhaite aussi que les pharmaciens soient davantage intégrés aux équipes de soins de proximité. Des initiatives ont déjà été prises par les professionnels eux-mêmes. Il faut aller plus loin : dans la politique de généralisation des équipes de soins de proximité que Mme la ministre des affaires sociales et de la santé mènera, les pharmacies d’officine auront toute leur place.

Vous le voyez, madame la sénatrice, le Gouvernement reconnaît la nécessité de revaloriser le métier de pharmacien. C’est en mettant l’accent sur l’apport de ces professionnels dans la qualité des soins de proximité que nous y parviendrons.

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