Intervention de Aline Archimbaud

Réunion du 25 septembre 2012 à 9h30
Questions orales — Projet de nouvelle route du littoral à la réunion

Photo de Aline ArchimbaudAline Archimbaud :

Au début des années quatre-vingt-dix, le transport collectif, par bus et taxi notamment, représentait encore près de 30 % des déplacements à la Réunion, mais il n’assure aujourd’hui que guère plus de 6 % de ces derniers.

Les Réunionnais n’ont pratiquement pas d’autre solution pour se déplacer que l’automobile, alors même qu’un tiers d’entre eux n’ont pas accès au marché de la voiture, près de 52 % de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté.

Il a pourtant été décidé, en juin 2010, de basculer l’essentiel des financements résultant des accords de Matignon sur un nouveau et monumental projet de route du littoral sur l’axe Saint-Denis-Le Port.

Il s’agit du plus gros chantier jamais engagé à la Réunion et de l’un des plus importants en France : une route à deux fois trois voies, partie sur digue, partie en viaduc sur la mer. Le coût de cette nouvelle infrastructure est officiellement estimé à 1, 6 milliard d’euros, mais n’y a-t-il pas sous-estimation flagrante, au vu des expériences passées de la construction des deux premières routes du littoral et de celle de la route des Tamarins, qui ont toutes deux donné lieu à des dépassements de plus de 70 % par rapport à ce qui était initialement prévu ?

Ce projet fait par ailleurs peser de lourdes menaces sur la biodiversité terrestre et marine. Il va encore accroître l’artificialisation du littoral réunionnais, le plus bétonné de l’outre-mer : selon les chiffres de 2004 de l’Institut français de l’environnement, l’IFEN, les surfaces artificialisées couvrent 28, 2 % des terres situées à moins de 500 mètres de la mer. Il va renforcer l’emprise de l’automobile sur un territoire proche du coma circulatoire, et il pèsera lourdement sur les finances des contribuables réunionnais.

En outre, est-il pensable que l’État favorise aujourd'hui encore le recours à des solutions qui accentuent la dépendance de l’île aux importations de carburants, avec les coûts que cela représente ? La facture annuelle des importations de pétrole et de charbon est évaluée à 650 millions d'euros par an : ne doit-on pas plutôt encourager l’économie énergétique de ce territoire ?

Une autre solution existe, moins chère, qui permettrait la sortie progressive du « tout voiture », en laissant aux Réunionnais le choix d’utiliser un autre mode de transport et en permettant aux ménages réunionnais ne disposant pas de véhicule de se déplacer confortablement et rapidement. Cette solution diminuerait également la saturation du réseau et réduirait les embouteillages, très importants aujourd’hui, ainsi que leurs conséquences en termes de pollution et de santé publique, tout en structurant le territoire.

En conséquence, ne serait-il pas plus opportun, au moment où de lourdes contraintes pèsent sur nos finances publiques, d’envisager de consacrer ces crédits au développement du transport ferroviaire, plutôt qu’à la réalisation d’un projet routier très coûteux ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion