Cette question a pour objet d’attirer l’attention de M. le ministre délégué chargé des transports, de la mer et de la pêche sur le coût de plus en plus prohibitif des péages autoroutiers pour les usagers et les disparités en la matière.
Lors des dernières vacances, en effet, il n’a pas échappé aux automobilistes que les tarifs des péages avaient, une nouvelle fois, augmenté : une hausse de 2, 5 % en moyenne est intervenue en février dernier, alors que l’inflation n’a été que de 2 % à peine. Cette hausse est encore plus importante que celle de 2011, qui avait atteint 2, 24 %.
Cela n’est évidemment pas nouveau, puisque les tarifs ne cessent d’évoluer plus vite que l’inflation : en 2012, le prix au kilomètre frôle 8 centimes d’euro en moyenne, contre 6, 8 centimes en 2005.
Ce service public tend à devenir un luxe pour de nombreux Français qui sont tenus d’utiliser leur voiture. Nombre de nos concitoyens qui ne peuvent habiter dans les centres-villes à cause des prix élevés des logements sont obligés d’emprunter ces infrastructures autoroutières et y consacrent une part de plus en plus importante de leur budget. Or, par ces temps de crise, les automobilistes doivent déjà supporter de fortes augmentations des dépenses de carburant et d’assurance.
Selon les trajets, les tarifs des autoroutes varient de plusieurs centimes au kilomètre, la différence pouvant, au final, être tout à fait significative. Ainsi, sur le tronçon de l’A65 entre Langon et Pau, il faut payer 20, 70 euros pour parcourir 150 kilomètres, alors que, sur l’A75, le trajet de 331 kilomètres entre Clermont-Ferrand et Béziers ne coûte aux automobilistes que 6, 70 euros : le rapport est de un à presque quatre !
Les opérateurs de ces réseaux, qui ont des impératifs de rentabilité, fixent des tarifs de péages de plus en plus élevés. Cela conduit les automobilistes à préférer, surtout en cette période de crise, les axes secondaires – routes nationales et départementales –, qui ont l’avantage de la gratuité.
Ce cercle vicieux se retrouve sur l’A65, l’une des plus chères autoroutes de France, qui a été ouverte à la fin de 2010. Le trafic escompté par le concessionnaire n’étant pas au rendez-vous, celui-ci a dû lancer cet été une véritable opération commerciale – nous aurons bientôt des péages low cost ! – pour attirer le trafic de proximité. En effet, sur ce tronçon où circuler est particulièrement coûteux, les trajets de type domicile-travail ont fait défaut au concessionnaire, qui enregistre même une baisse du trafic de 10 % par rapport à l’année dernière.
Les disparités de tarifs constatées sur les autoroutes pour des trajets équivalents ont l’art d’agacer les automobilistes. L’usager doit faire preuve de beaucoup d’ingéniosité face à l’incohérence des tarifs : il est parfois moins coûteux de sortir plusieurs fois de l’autoroute avant d’y entrer de nouveau que de faire le trajet directement…
De plus, l’égalité des usagers devant le service public n’est pas assurée puisque, dans certaines régions, pour des raisons historiques, les autoroutes demeurent gratuites. C’est le cas en Bretagne.
Depuis 2005, les sociétés concessionnaires sont privées. L’État a concédé, pour 15 milliards d’euros, quelque 8 000 kilomètres de bitume aux géants du BTP, qui ont procédé à des réductions d’effectifs, à l’automatisation des péages, à l’exploitation économique très avantageuse des aires de services, ce qui n’empêche pas l’augmentation des tarifs des péages de se poursuivre. Ces autoroutes sont devenues extrêmement rentables, alors que nombre d’entre elles sont amorties financièrement depuis longtemps. Cela n’empêche pas les sociétés concessionnaires de continuer à augmenter leurs tarifs et de s’assurer ainsi des profits très confortables.
Madame la ministre, quelles initiatives le Gouvernement entend-il prendre pour, d’une part, obtenir les harmonisations nécessaires de tarifs, et, d’autre part, négocier avec les sociétés d’autoroutes une modération de l’augmentation des tarifs chaque année.