Vous voulez notamment prendre par décrets des mesures pour remédier à ces dérives : c’est parfait ! Mais ce que vous envisagez sera-t-il suffisant ? J’en doute, même beaucoup, tellement les circuits sont verrouillés et les habitudes ancrées. Les flux financiers qu’engendre cette situation anormale depuis des décennies, malgré de nombreux efforts pour y remédier, sont loin d’être négligeables, et les gains qui en résultent, vous le savez, monsieur le ministre, ne sont pas perdus pour tout le monde !
Vous allez vous heurter à des structures bétonnées, bien organisées, qu’il sera très difficile d’ébranler, voire de contourner, et qui, tels les tentacules d’une pieuvre, s’efforceront insidieusement d’étouffer la moindre velléité de concurrence. Quelques compagnies aériennes s’en souviennent amèrement. Je pense que vous vous en souvenez également, monsieur le ministre. §
Il vous faudra donc, si vous voulez réussir, mettre en œuvre des moyens puissants, résolument et sans concessions. Or, malheureusement, je ne les vois pas dans le projet de loi que vous nous soumettez. Toutes les excuses, même celles à la sonorité de bon aloi, comme par exemple la protection de l’emploi local, qui est pourtant loin du compte, vous seront habilement opposées : saurez-vous y résister et ne pas vous laisser prendre au piège ? Même l’administration tombe parfois dans la trappe du monopole !