Intervention de André Gattolin

Réunion du 2 octobre 2012 à 9h30
Débat sur l'application de la loi relative à la communication audiovisuelle et au nouveau service public de la télévision

Photo de André GattolinAndré Gattolin :

... sur les ressources des télévisions privées, ce qui explique pour partie le faible rendement de la taxe compensatoire qui leur était accolée.

Le contexte de crise économique que nous traversons actuellement a, en effet, des incidences fortes sur les investissements télévisuels des annonceurs.

Au premier trimestre de cette année, l'Institut de recherches et d'études publicitaires, l'IREP, évalue à 4, 2 % le recul de la publicité sur les chaînes de télévision françaises publiques et privées et projette que, sur l'ensemble de 2012, la récession sera d'environ 2 %, estimation à mon avis assez optimiste.

En matière d'investissements publicitaires, les télévisions généralistes souffrent de la concurrence croissante des chaînes de la TNT et de la montée en puissance d'Internet sur le marché publicitaire.

Dans ce contexte concurrentiel exacerbé, on peut qualifier d'irresponsable la volonté de la précédente majorité d'avoir voulu, coûte que coûte, attribuer six nouvelles autorisations de chaînes commerciales sur la TNT, dans un marché publicitaire en récession.

En résumé, la télévision publique est aujourd'hui en proie à un effet de ciseaux inquiétant qui voit ses deux principales ressources décliner assez durablement.

De fait, on peut dire que la réforme de l'audiovisuel public de 2009 a été mal menée, car conduite dans la précipitation.

Déjà, à l'époque, notre collègue Marie-Christine Blandin avait insisté sur le fait que si nous saluions le principe de la suppression partielle de la publicité sur France Télévisions, une vigilance toute particulière était de mise quant aux modes de compensation financière qui allaient être instaurés.

J'en viens à présent à la gouvernance de l'audiovisuel public.

En la matière, aucun modèle culturel n'a véritablement été défini et on ne peut pas dire que la qualité soit clairement au rendez-vous des programmes du service public.

France Télévisions souffre aujourd'hui d'une absence de véritable projet éditorial et de gestion stratégique de ses moyens et de son organisation.

Pour rationaliser son offre globale, le groupe avait opté voilà quelques années pour un principe d'horizontalité entre ses différentes chaînes, un peu sur le modèle anglo-saxon de la BBC.

L'actuelle direction a remis de la verticalité – une gestion par chaîne –, mais sans opter clairement pour l'une ou l'autre des deux solutions. Résultat : cette logique hybride d'organisation mêlant horizontalité et verticalité multiplie les centres de décisions, entraînant un manque flagrant de contrôle des coûts opérationnels de la structure.

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