Intervention de André Gattolin

Réunion du 2 octobre 2012 à 9h30
Débat sur l'application de la loi relative à la communication audiovisuelle et au nouveau service public de la télévision

Photo de André GattolinAndré Gattolin :

Le service public achète beaucoup de programmes à des sociétés de production rattachées à des groupes internationaux, ce qui renchérit leurs coûts. Quand une émission est achetée à un producteur extérieur appartenant à un groupe international, la holding prend d'emblée 20 % de marge. Ensuite, la société locale prend également au moins 20 %. Le résultat, c'est que, aujourd'hui, pour nombre d'émissions achetées par France 2 et France 3, les marges extérieures des producteurs dépassent 40 % du coût de chaque émission. C'est assez insupportable !

Pendant ce temps-là, nous découvrons dans la presse qu'une fusion des rédactions de France 2 et de France 3 est soudainement envisagée et que certains n'hésitent pas à prescrire des coupes brutales dans les emplois et les moyens consacrés aux programmes régionaux de France 3.

Alors oui, dans un contexte budgétaire très difficile, des économies sont à faire au sein de France Télévisions, mais celles-ci ne se trouvent pas dans un amoindrissement des missions de service public.

Le groupe écologiste pense qu'il est temps de poser les questions de fond. Comment l'audiovisuel public peut-il se distinguer du secteur privé ? N'est-il pas temps de revenir sur l'externalisation massive de la production et de la création ?

Dans l'immédiat, commençons déjà par obliger la télévision publique à travailler uniquement avec des sociétés de production extérieures qui publient leurs comptes, ce qui présenterait l'avantage de mettre en lumière les bénéfices exorbitants de certaines de ces structures et de les remplacer par des producteurs locaux ou nationaux tout aussi efficaces et moins coûteux.

Par ailleurs, on peut craindre que, derrière le fiasco annoncé de la « taxe télécom » à Bruxelles, se profile l'annonce d'un possible retour de la publicité après vingt heures. Et là, nous disons aux tenants d'un rétablissement de la publicité : « N'en attendez pas trop ! »

Par absence de véritable projet éditorial visant à satisfaire tous les publics, France 2 et France 3 ont vu leur audience singulièrement régresser auprès de deux cibles stratégiques : les actifs de 25 à 59 ans et les femmes de moins de 50 ans.

Il s'agit là des deux principales cibles recherchées par les annonceurs. Elles composent également une large part de la population. En l'espace de trois ans, France 2 a vu son audience marchande décliner de 50 %.

Un retour de la publicité après vingt heures allégerait certes la facture, mais dans une proportion qui serait loin de représenter le même niveau de ressources d'avant la réforme de 2009.

En conclusion, nous voulons insister sur un point : la télévision publique française ne souffre pas seulement d'un sous-financement flagrant, elle souffre également d'une sous-gouvernance, car elle a été trop souvent confiée à des dirigeants – pardonnez-moi de le dire – dont les compétences restaient à démontrer.

Il est urgent, à notre sens, que les pouvoirs publics s'attachent à remédier à ces deux problèmes lors des prochaines lois qui verront le jour dans ce domaine.

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