Intervention de Jean-Claude Carle

Réunion du 3 octobre 2012 à 14h30
Débat sur les conditions de la réussite à l'école

Photo de Jean-Claude CarleJean-Claude Carle :

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, je me réjouis que nous ayons ce débat quelques semaines avant l’examen du projet de loi d’orientation et de programmation pour l’école.

Pour commencer, je souhaite, à mon tour, rappeler quelques éléments qui caractérisent notre système éducatif et, plus particulièrement, l’école primaire.

Nous avons, dans notre pays, un niveau d’investissement dans l’éducation qui est particulièrement important. Pourtant, en termes de résultats, nous sommes aujourd’hui dans la moyenne des pays de l’OCDE, l’Organisation de coopération et de développement économiques, et l’écart se creuse avec les pays les plus performants.

Ce que nous constatons, c’est que les pays les plus performants en ce domaine consacrent moins de moyens que nous à l’éducation. Ce n’est donc pas juste en injectant plus d’argent dans le système éducatif que nous améliorerons la performance du système.

Quittons les comparaisons internationales pour nous focaliser sur les résultats de l’école française.

Aujourd’hui, la situation de l’école en France est particulièrement inquiétante. Monsieur le ministre, je me suis rendu, sur le site internet que vous avez mis en place « Refondons l’École », dans la partie réservée à l’école primaire. Le premier chiffre qui apparaît à l’ensemble des Français qui se rendent sur ce site est inquiétant : 40 % des élèves ne savent ni bien lire ni compter à la fin de l’école primaire.

On peut ajouter à ce chiffre que la part du nombre d’élèves en grande difficulté ne cesse d’augmenter ces dernières années. Or les États qui se sont fixé pour objectif de réduire le nombre d’élèves en grande difficulté ont fait chuter la proportion de ces derniers à 5 %.

On peut aussi y ajouter que la France est l’un des pays de l’OCDE où l’origine socioéconomique a le plus d’impact sur les résultats scolaires, ce qui fait de la France, cela vient d’être rappelé, l’un des pays les plus inégalitaires de l’OCDE.

Disons-le clairement, c’est inacceptable pour un pays comme le nôtre. C’est un échec collectif dont la classe politique en général porte la responsabilité. Cela ne nous honore pas ! J’ajoute que c’est aussi l’échec des corporatismes de tous bords qui ont leur part de responsabilité.

Monsieur le ministre, je partage avec vous l’idée que nous devrions éviter de revenir sur les querelles passées et nous tourner exclusivement vers l’avenir. C’est là notre devoir. Vous nous dites qu’il faut faire de l’école primaire notre priorité. Je partage avec vous cette idée.

Nous savons que le destin d’un élève se joue très tôt. Les études l’ont montré, 80 % des élèves qui sont en difficulté à la fin de l’école primaire l’étaient déjà lors de leur première année de scolarisation.

Nous ne pouvons admettre que des milliers de jeunes sortent du système éducatif sans maîtriser les compétences fondamentales. Les coûts sociaux afférents, en termes de minima sociaux, d’allocations chômage, de correction de l’illettrisme et d’endiguement de la délinquance sont extrêmement importants et pèsent in fine sur la pérennisation de notre modèle social.

Entrons maintenant dans le cœur de ce débat en déterminant les vecteurs de la réussite de tous les élèves.

Nous savons que le premier déterminant de la réussite d’un élève à l’école résulte du travail de l’enseignant. C’est ce qu’on appelle « l’effet maître », et nous savons, depuis plus de vingt ans, que c’est le facteur dont l’influence est la plus importante sur l’apprentissage et la progression des élèves. Autrement dit, c’est la pratique pédagogique que l’enseignant va mettre en œuvre qui détermine ou non la réussite de l’élève.

Nous savons également qu’un enseignant efficace peut venir contrebalancer le poids de l’origine socioéconomique des élèves. En d’autres termes, l’école républicaine peut et doit permettre la réussite de chacun de ses élèves !

On comprend alors l’importance que vous attachez au renouvellement des pratiques pédagogiques et à la création d’une école supérieure du professorat. Ce sont deux sujets, qui sont en partie liés, dont nous devrons débattre plus longuement par la suite. Je vais seulement en dire quelques mots.

La rénovation des pratiques pédagogiques constitue le cœur de l’amélioration de la performance de notre école. Ce qui est en cause, ce n’est pas la variabilité des pratiques pédagogiques, mais bien la variabilité des acquisitions. En effet, les pratiques pédagogiques ne peuvent être les mêmes dans une classe où cinq enfants sont en difficulté que dans une classe où vingt enfants sont en difficulté. Cependant, on constate aujourd’hui que, dans différentes classes de même niveau composant une même école, les pratiques pédagogiques peuvent être très différentes et générer des résultats très différents en termes de progression des élèves.

Cela pose plusieurs questions qu’il faut aborder à l’heure de la refondation de l’école que vous appelez de vos vœux.

Premièrement : la question de la diffusion des bonnes pratiques pédagogiques et les solutions qui peuvent y être apportées.

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