Intervention de Son Exc. M. Boutros Assaker

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 9 octobre 2012 : 1ère réunion
Situation en syrie — Audition de se. M. Boutros Assaker ambassadeur du liban

Son Exc. M. Boutros Assaker, ambassadeur du Liban en France :

Les armes du Hezbollah posent une problématique au Liban. Tous les partis politiques se sont mis d'accord pour débattre de ces armes dans le cadre de la conférence du dialogue national lancée par le Président de la République, au cours de laquelle une stratégie de défense a été proposée et qui a pour objectif de trouver une solution à cette problématique. Le Hezbollah participe à cette conférence de dialogue national.

Quant à la crise syrienne, mon sentiment est qu'elle risque de se prolonger.

Le régime dispose de solides soutiens, au sein de la communauté alaouite, mais aussi parmi les chrétiens, les ismaélites ou les druzes, et même au sein de la bourgeoise sunnite. Il peut aussi compter sur le soutien du parti baasiste, de l'appareil de sécurité et de l'armée, qui est restée dans l'ensemble fidèle au régime.

De son côté, l'opposition syrienne reste divisée, entre l'opposition de l'extérieur et celle de l'intérieur, mais aussi entre les différents courants existants en son sein. Concernant l'opposition de l'extérieur, que représente-t-elle réellement sur le terrain ? Est-elle unie ? Dispose-t-elle d'un programme ? Joue-t-elle un rôle déterminant ? S'agissant de l'opposition de l'intérieur, quels sont ses membres et que représente-t-elle ? Quels sont ses rapports avec l'opposition de l'extérieur ? Quelle est la nature de l'armée syrienne libre ? Quel est le poids des combattants étrangers, provenant des pays arabes mais aussi d'Europe ? Même si l'opposition syrienne l'emporte, personne ne peut dire à quoi ressemblera le futur de ce pays.

Nous assistons en réalité en Syrie à une véritable guerre civile entre des milices et l'armée, dont la population civile est la première victime. La vraie question est de savoir jusqu'à quand la communauté internationale peut rester passive devant cette situation et ce n'est pas le résultat des élections américaines qui pourra y changer quelque chose.

Enfin, s'agissant de la Turquie, le Premier ministre Erdogan a récemment renoué avec les ambitions de l'Empire ottoman, selon les analystes. Il avait initié, à ses débuts en tant que chef de gouvernement, une diplomatie du « zéro problème » avec ses voisins. On sait ce qu'il est advenu de cette stratégie puisque la Turquie connaît aujourd'hui des tensions avec l'ensemble de ses voisins. Malgré les tensions avec la Syrie, le fait que la Turquie soit membre de l'Alliance atlantique contribue toutefois à apaiser les tensions et à éloigner le spectre de la guerre avec la Syrie.

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