Je salue les efforts du Président de la République, qui a su trouver des appuis à Washington, à Madrid et à Rome, mais il a sans doute considéré qu’un mauvais accord valait mieux que pas d’accord du tout. Le Conseil européen des 28 et 29 juin était pourtant une occasion à saisir, au lendemain des élections législatives en France, pour faire bouger l’Allemagne. Peut-être le temps a-t-il manqué, nous verrons bien…
M. le ministre des affaires étrangères a fait valoir les risques d’une non-ratification : la France n’aurait pas accès aux concours du MES, elle se mettrait à la merci de la spéculation. Ces arguments sont connus et rebattus, M. Sarkozy les employait déjà. Il faut créer, en amont, une autre configuration de forces. On ne peut pas construire l’Europe sans la France. En outre, la France n’est pas seule : à l’échelle du monde, les États-Unis, la Chine, d’autres puissances encore ont intérêt à ce que l’Europe ne s’enfonce pas dans la décroissance. Nous avons donc des alliés potentiels.
Enfin, l’attitude des investisseurs étrangers dépend plus de notre propre rigueur que de la ratification d’un traité qui se révélera vite inapplicable. Les parlementaires du MRC se sont déjà engagés, à cet égard, à voter le budget pour 2013, dont nous savons qu’il sera sévère mais qui ne nous engage que pour un an, et pas pour l’éternité. Nous comprenons que le Gouvernement a besoin de temps, mais comment pourrions-nous réorienter l’Europe, monsieur le ministre, si nous devions avancer avec un pistolet sur la tempe ?
L’instauration de la monnaie unique a été, je le crois, une erreur grave, dont il vous est difficile de vous apercevoir puisque vous y avez prêté la main, il y a vingt ans. Elle a méconnu la spécificité des nations et l’hétérogénéité de leurs structures. La crise de l’euro n’est que superficiellement une crise de la dette, monsieur Richard : ce qui mine la zone euro, ce sont les écarts de compétitivité, qui existaient déjà, certes, à l’origine, mais qui n’ont cessé de se creuser ensuite, …