Pourquoi ce sujet est-il aussi sensible ? Bien sûr, parce qu'il touche à l'humain et à la question toujours posée : un embryon est-il un être humain dès sa conception ?
La réponse à cette question est totalement personnelle ; elle dépend, pour chacun de nous, de ses conceptions éthiques, religieuses, philosophiques.
Les embryons sur lesquels les recherches sont conduites se définissent comme des « amas de seize cellules indifférenciées ayant au maximum cinq jours d'existence ».
Une autre question se pose : d'où viennent ces embryons ? La réponse, simple, mérite d'être une nouvelle fois rappelée : la recherche se pratique sur quelques embryons non réimplantés dans le cadre des procréations médicalement assistées.
Actuellement, en France, 160 000 embryons surnuméraires ne font plus l'objet d'un projet parental et ne seront pas réimplantés.
Au bout de cinq ans, on demande aux parents biologiques de décider du sort de leurs embryons. Ils ont le choix entre une nouvelle implantation, le don d'embryons à un ou des couples stériles, la destruction ou le don à la recherche.
Cela a été dit, ce sont donc des embryons destinés de toute façon à la destruction qui seront utilisés pour la recherche.
Il vaut mieux, d'ailleurs, ne pas savoir comment sont détruits les embryons abandonnés par les parents. L'une de nos collègues ayant eu recours à la PMA pour la naissance de ses enfants a été horrifiée quand elle a constaté que ses embryons avaient été, au bout de cinq ans, sortis du cryocongélateur, posés sur un coin de paillasse en attendant la décongélation et jetés dans l'évacuation de l'évier du laboratoire.
La recherche sur l'embryon est-elle nécessaire ?
Oui, car les recherches sur les cellules pluripotentes ne permettent pas encore d'apporter toutes les réponses aux questions médicales concernant le développement de la vie et les modélisations des maladies génétiques.
Je peux comprendre, et je respecte, nos collègues et concitoyens qui considèrent qu'on ne peut pas toucher à la vie humaine, même à son stade le plus élémentaire, celui de l'embryon.
C'est d'ailleurs la position de nombreux membres de mon groupe. Mais si l'on suit leur logique, il faut interdire de nouveau totalement la recherche sur l'embryon. Cessons donc l'hypocrisie et la supercherie qui consistent à dire : oui, la recherche sur l'embryon est interdite en France, mais des chercheurs sont tout de même autorisés à la mener.