Intervention de Christian Noyer

Commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation — Réunion du 16 octobre 2012 : 1ère réunion
Audition de M. Christian Noyer gouverneur de la banque de france

Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France :

L'évolution du réseau fiduciaire se décide bien sûr en concertation avec le ministère de l'Intérieur, sur le volet sécurité. Ainsi un audit de tous les transports et convois a été réalisé il y a quelques années par la gendarmerie nationale. Il est hors de question d'inventer les solutions dans notre coin !

M. Hervé a raison, la comparaison avec l'Allemagne ne saurait être poussée trop loin. Pour information, tout de même, nous conserverions un réseau de caisses équivalent à celui de notre voisin, où il circule deux fois plus de billets. Les critères d'étendue des territoires, d'organisation des transports de fonds, l'emporteront sur le volume de billets à traiter. Coût supplémentaire pour les clients qui utilisent les distributeurs ? Notre objectif, je le précise, n'est nullement de réduire de moitié le traitement des billets, ce sont les banques qui souhaitent nous en apporter moins, afin de réaliser des économies. Elles peuvent participer au tri des billets avec des machines spécialisées. Mais certains signes d'authenticité ne sont détectables que par la Banque de France ; il nous faut conserver au moins 50 % du traitement pour assurer que la circulation fiduciaire demeure de bonne qualité. Les banques, donc, développent leur propre recyclage, mais dans le respect de ce seuil. Et cela ne causera pas de facturation supplémentaire aux clients.

Une organisation des caisses plus resserrée entraînera des gains de productivité. L'automatisation diminuera considérablement les manipulations pénibles - source, soit dit en passant, de nombreuses pathologies musculo-squelettiques - et le gardiennage sera réduit. Mais un point d'équilibre est à trouver : il est de nature technique et non lié aux frontières départementales.

Quant aux activités tertiaires, l'une des raisons fondamentales, en dehors des départs à la retraite, qui nous pousse à étaler la réalisation du plan sur les années 2016 à 2020 réside dans le développement préalable d'outils informatiques. Toutes les entreprises modernes, efficaces, optimisent le work-flow, c'est-à-dire la circulation des dossiers dans leur circuit interne. Nous entendons concentrer le travail humain, non sur les traitements mécaniques, mais sur les tâches qui font appel à la matière grise. Cela est plus enrichissant mais requiert moins de collaborateurs. Vous savez que l'Etat nous rembourse le traitement des dossiers de surendettement : il nous demande que ce coût n'augmente pas. Or le nombre de dossiers, lui, ne cesse de croître. Nous n'avons pas d'autre choix que de dégager des gains de productivité.

Un rapport de l'Inspection générale des finances conclut que cinq centres de traitement suffisent pour tout le territoire français. J'ai pour ma part expliqué que le gain d'une réduction de 120 centres à une quarantaine est considérable, mais celui d'une réduction de 35 à 5, très faible. Mieux nous répartirons l'activité sur le territoire, mieux la Banque de France s'en portera. Je ne suis pas hostile à la délocalisation des services, comme à Poitiers, ou à Marne-la-Vallée. J'ai travaillé en ce sens depuis ma prise de fonction. Il n'y a pas lieu de rapatrier à Paris tout ce qui peut être fait dans les territoires. Les services centraux ont du reste contribué aux gains de productivité, notamment dans les fonctions support, je pense à la gestion des ressources humaines ou au traitement des achats.

- Présidence de M. Yvon Collin, vice-président. - 

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