La BPI va avoir la vertu fondamentale d'être un « point d'entrée » ou un comptoir unique - je préfère cette terminologie à celle de « guichet unique ». C'est ensuite aux territoires à s'organiser de la façon la plus pertinente possible : les régions seront bien les pilotes du dispositif mais elles ne sont pas les seuls acteurs qui doivent s'impliquer. La ministre n'interviendra que si des dysfonctionnements apparaissent. Une fois la loi débattue au Parlement, c'est au préfigurateur, M. Nicolas Dufourcq qu'il reviendra de faire des propositions opérationnelles, en se posant les bonnes questions et en y répondant efficacement. En tous cas, avec la BPI, les PME sauront plus clairement à qui s'adresser.
J'ai l'habitude de rappeler que le métier de banquier implique avant tout une attention particulière à l'égard des clients. Trop nombreuses sont les entreprises qui ne disposent pas d'informations et d'accompagnement suffisants dans leur démarche exportatrice.
S'agissant des normes sociales, j'estime qu'il est essentiel non seulement de les faire respecter par un certain nombre de pays mais également de rehausser les exigences de l'OIT pour contrecarrer le « dumping ».
En ce qui concerne l'épisode des chantiers de Saint-Nazaire, il est tout à fait exact que nous avons connu une situation difficile au cours de l'été. Avec le Premier ministre nous avons monté, à l'aide de la Caisse des dépôts, une offre de prêt « sur mesure » pour rivaliser avec l'offre concurrente et nous y sommes parvenus. Au final, il nous a été indiqué que le choix de l'entreprise étrangère s'expliquait non pas en considération du prix ou des garanties de financement mais parce que les habitudes de travail étaient mieux ancrées avec le concurrent de l'entreprise STX : c'est ce qui nous a été dit. La situation est aujourd'hui très difficile pour les chantiers navals de Saint-Nazaire mais deux commandes potentielles de grande ampleur ont été identifiées. Il faut tout faire pour que le financement ne soit pas un obstacle à la conquête des marchés par nos entreprises.
En ce qui concerne la compétitivité, je vais, très directement et parce que ce n'est pas un sujet tabou, vous donner un exemple d'avantage concurrentiel en termes de prix. Dans le secteur des services aux entreprises, je rappelle que, dans les années 1990, nous étions à égalité avec les allemands voire plus performants que ces derniers. Aujourd'hui nous sommes 20 % plus chers : il y a donc bien une difficulté à résoudre. Nous savons aussi que, dans l'agro-alimentaire, les allemands ont procédé à des rationalisations en amont de la filière, ce qui leur permet d'être plus compétitifs que nous s'agissant des produits de deuxième transformation. Encore faut-il rappeler que notre agriculture est différente de celle de l'Allemagne car elle est plus diversifiée et repose sur un grand nombre de petites exploitations alors qu'en Allemagne les entreprises agricoles sont moins nombreuses et de taille plus importante. Nous n'allons certes pas sacrifier nos petites structures et donc c'est surtout par l'innovation que la France doit progresser, bien qu'on puisse également abaisser les couts de production, par exemple dans nos filières bovines et porcines.
Je mentionne également ma récente visite à deux entreprises françaises de la branche textile : voici deux entreprises extraordinaires et leader mondiaux dans leur secteur, ce qui témoigne des possibilités de réussite basées sur l'esprit d'innovation. Cet exemple montre que l'essentiel est de nous battre pour améliorer nos performances.
J'ajoute, pour m'en être entretenue avec le représentant de Peugeot, que les parts de marché de ce constructeur automobile progressent fortement à Singapour et à Manille.
En ce qui concerne la Coface : ma méthode consiste à travailler à partir d'exemples concrets et j'appelle les parlementaires à me signaler avec précision les dysfonctionnements qui peuvent être constatés. Sur cette base, mes services ont des capacités d'intervention auprès de la Coface : cela a été le cas pour la Grèce et l'État a pris ses responsabilités.
Sur les pôles de compétitivité, j'émets, tout d'abord, une certaine réserve à l'égard des tentatives de classification ou de segmentation de ces derniers selon leur capacité d'internationalisation. Je crois plus utile de les encourager tous à renforcer leur vocation internationale : un certain nombre des quelques 71 pôles de compétitivité ont été crées dans une optique d'aménagement du territoire et j'estime préférable de les aider plutôt que de remettre en cause leurs capacités.
A propos de la recherche et de la francophonie : les efforts de la France en matière de formation sont connus des jeunes du monde entier et je déplore qu'on ne parvienne pas à mobiliser suffisamment les ressortissants étrangers diplômés en France. J'ai demandé à rencontrer un certain nombre d'acteurs, comme les grandes écoles, pour leur dire qu'eux aussi ont un rôle à jouer en tant qu'agents de la diplomatie économique.
Par ailleurs, j'évoquerai simultanément le problème des brevets et celui du crédit impôt recherche. L'Allemagne n'a pas de dispositif fiscal comparable à celui du CIR et pourtant elle consacre 2,8% de son PIB à ses dépenses intérieures de recherche et développement contre 2,5% en France. De plus, et c'est là l'essentiel, elle dépose beaucoup plus de brevets que nous. Examinant les raisons de ce décalage, j'ai constaté que le coût des brevets en France était supérieur à la moyenne européenne : il y a là une anomalie et j'estime nécessaire de nous rapprocher de cette moyenne puis d'évaluer les conséquences d'un tel alignement.
Il faut, j'en conviens, accroître la présence des représentants des régions au conseil d'administration d'Ubifrance : ces représentants pourront ainsi contrôler le respect des engagements pris par cet établissement et, par ce biais, on pourra également favoriser la coordination entre les initiatives qui conduisent à un certain éparpillement des « pavillons » de promotion des produits français à l'étranger.
S'agissant, enfin, de la filière bois, je vous annonce que le fonds bois, au même titre que les autres fonds sectoriels, va être intégré à la BPI, ce qui est un élément de dynamisme. Je vous signale également que nous avons reçu au ministère du commerce extérieur les représentants de la filière bois afin d'expertiser les besoins précis de ce secteur et nous travaillons en coopération étroite avec le ministre Arnaud Montebourg pour leur apporter des réponses pertinentes.