L'Ina a été, en 2000, la première société de l'audiovisuel public à signer un COM avec l'État. Le Sénat, et je l'en remercie, a toujours été très attentif à l'Ina : son rapport avait fortement influencé la rédaction finale du contrat. Cette belle maison, qui met des compétences rares au service de missions essentielles, revendique depuis quelques semaines le titre de première banque d'images numérisées au monde. Nous venons franchir le cap du million d'heures de programmes numérisés, sauvant ainsi de l'usure du temps plus de 84 % des images conservées depuis la naissance de la télévision en France. L'objectif des 100 %, lancé en 1999, devrait être atteint en 2018 dans le cadre d'un plan de sauvegarde unique au monde.
Après une décennie consacrée à la numérisation de ses images, l'Ina se positionne comme une entreprise culturelle de l'audiovisuel ouverte au plus grand nombre. Conformément à son troisième COM couvrant la période 2010-2014, il oeuvre à la sauvegarde et à l'enrichissement de la mémoire audiovisuelle, à la valorisation des collections et à la transmission des savoirs et des compétences.
L'exécution du contrat se poursuit de manière satisfaisante. Pour 2011 et 2012, la quasi-totalité des objectifs mesurés par 21 indicateurs ont été atteints voire dépassés. Ainsi en est-il notamment de la poursuite à un rythme soutenu du plan de sauvegarde et de numérisation ou de l'augmentation régulière du nombre d'heures de programmes disponibles pour les professionnels. De même, la fréquentation du site Ina.fr atteint une vitesse de croisière de 2,3 millions de visiteurs par mois, avec un pic à 3,5 millions en mai 2012 ; 4,2 millions de séquences vidéo ou audio sont consultées chaque mois pour un objectif de 2,1 millions. En outre, le taux d'insertion professionnelle des diplômés de nos formations initiales atteint 90 % et nous avons pris 3 345 heures en mandat d'exploitation. Au titre des indicateurs de bonne gestion, la part des frais de personnels rapportée aux ressources représente 51 % fin 2011 contre 55 % fixés par le COM.
Ces bonnes performances ont permis à l'Ina d'afficher un résultat net 2011 de 2,6 millions d'euros, en hausse de 18 % par rapport à 2010, grâce à l'augmentation de 3 % des ressources propres (38,7 millions d'euros) et à la maîtrise des charges qui connaissent leur niveau le plus faible depuis 2007. Nos ressources propres en grande partie issues de la cession de nos droits aux chaînes de télévision et aux producteurs, représentent plus de 32 % du budget de l'entreprise, niveau très élevé ; aussi sommes nous au sein de l'audiovisuel public, l'entreprise la plus dépendante de celles-ci.
En 2011, les comptes de l'Ina ont été positifs pour la quatorzième année consécutive. En 2012, dans un contexte économique tendu, nous continuerons de dégager un résultat positif grâce à d'importants efforts d'économies. La contrainte budgétaire pour 2013 sera encore plus forte, parce que la situation économique pèsera sur nos recettes propres et du fait de la participation au redressement des finances publiques qui nous est demandée. Le projet de loi de finances pour 2013 prévoit ainsi une baisse de 0,5 % par rapport à la loi de finances initiale pour 2012, soit de 2,5 % par rapport aux prévisions du COM. Comme les autres sociétés de l'audiovisuel public, l'Ina avait déjà, en 2012, été mis à contribution à deux reprises pour un total de 1,5 million d'euros.
Dans ce cadre, notre priorité stratégique va à la valorisation de notre savoir-faire et au renforcement de la proximité avec les professionnels, les chercheurs et le grand public. Diffuseurs, producteurs ou éditeurs, les professionnels font appel à nos archives en cession de droits. Grâce à la nouvelle version de la plateforme InaMédiaPro, ils accèdent désormais en ligne à l'ensemble de nos fonds télévision, radio et photo. Une grille de tarifs plus compétitive et mieux adaptée sera en outre mise en place début 2013.
Nous renforçons à l'attention des chercheurs et des étudiants le dispositif de consultation de consultation des collections du dépôt légal dans nos six délégations régionales. Surtout, ce maillage territorial sera prolongé par l'installation entre 2013 et 2015 de postes de lecture dans des bibliothèques et médiathèques à rayonnement régional - le premier a été installé à Pessac il y a quelques semaines. Nous accélérons aussi la transformation de nos modes de fonctionnement, notamment par la fusion de nos deux méthodologies d'indexation de contenus.
Une nouvelle version du site Ina.fr, plus riche, plus attractif et plus participatif pour le grand public verra le jour début 2013, qui déclinera notre offre sur tous les écrans, y compris le téléphone mobile et la télévision connectée. L'Ina investit les réseaux sociaux de manière volontariste : 80 000 fans sur sa page Facebook et 4 500 followers sur Twitter... Il s'agit de mettre en valeur nos images dans un univers où priment la connivence, l'instantanéité, l'échange et bien souvent, l'humour. L'Ina a également fait le choix d'être présent aux grands carrefours d'audience : carrefours physiques comme le Mondial de l'automobile où nous présentions une exposition sur l'automobile et la publicité, ou carrefours dématérialisés Nous avons ainsi signé un accord avec les plateformes Dailymotion, puis Wat et enfin You Tube.
Plus avant dans cette logique, nous avons lancé « Ina Mémoires Partagées », un appel à contributions d'images amateurs. L'opération a débuté en Aquitaine en juillet 2012 et se poursuivra dans les différentes régions à partir de 2013 ; elle vise à mettre les images des Français en regard des archives professionnelles. Cette action étant complémentaire de celle des cinémathèques, des centres d'archives régionaux et départementaux ou des associations, à la disposition desquels l'Ina souhaite mettre disposition sa capacité d'éditorialisation et de mise en valeur de contenus.
Parallèlement, l'Institut poursuivra à un rythme soutenu le plan de sauvegarde et de numérisation (PSN) ainsi que la migration des archives déjà numérisées vers le nouveau format pivot JPEG 2000, garantissant la pérennité des images sur le long terme et leur déclinaison en différents formats d'exploitation. Grâce au soutien financier du Fonds national pour la société numérique accordé dans le cadre du grand emprunt, l'Ina élargira le périmètre du PSN à des fonds particulièrement menacés, comme celui d'Outre-Mer première, l'ancienne RFO. Nous sommes heureux d'être associés au Sénat pour la manifestation consacrée à la mémoire audiovisuelle de l'outre-mer qui se tiendra lundi prochain sous le haut patronage du président du Sénat.
L'activité de formation, l'un de nos premiers relais de croissance, avait perdu 20 % de son chiffre d'affaires quand je suis arrivé à la tête de l'Ina en 2010. Sa relance a été l'une de mes priorités. Fin 2011, nous avons regroupé sous la marque Ina Expert nos activités d'enseignement supérieur (330 étudiants pour 13 diplômes du BTS au master), de formation professionnelle (5 000 personnes chaque année) et de recherche dans les domaines de l'archivage, de la préservation et de l'indexation. En 2013, Ina Expert prolongera cette dynamique en proposant plus de 140 nouvelles formations sur un total de 450. La formation initiale affiche également d'excellents résultats : le taux de réussite en BTS a été de 100 % en 2012 et le taux d'insertion professionnelle des étudiants diplômés d'Ina Sup s'établit à 90 %.
Forts de l'expérience acquise en Afghanistan ou au Cambodge, nous entendons développer nos activités d'expertise en France comme à l'international, pour la conservation et la numérisation des images, l'éditorialisation et la valorisation des droits associés, ainsi que la formation... Nous avons signé en juin dernier un accord avec l'ICAI, l'institut cubain des arts et des industries cinématographiques, pour restaurer, numériser et valoriser les 1 490 noticieros latino-americanos, une magnifique collection d'actualités cinématographiques, classée au registre « Mémoires du monde » de l'Unesco. Nos équipes sont actuellement en mission au Timor oriental pour une mission d'expertise-conseil, et à Tirana pour le premier séminaire de formation de l'opération Mémoires des Balkans. Une autre équipe se rendra la semaine prochaine en Afrique du Sud pour un séminaire sur la préservation de la mémoire audiovisuelle, dans le cadre des saisons croisées France-Afrique du Sud. Les discussions sont aussi bien avancées avec la Fédération de Russie. Nous souhaitons de même développer nos activités de conseil en France, auprès de collectivités territoriales ou des entreprises disposant de patrimoines audiovisuels.
Tout cela exige que l'Ina dispose de moyens adaptés. En 2011, nous nous sommes réorganisés afin d'améliorer encore le pilotage stratégique et opérationnel et de répondre aux objectifs du troisième COM. Une gouvernance renouvelée optimise la prise de décision grâce à des instances en charge des actions transverses. En outre, l'évolution technologique du secteur nous a conduits à investir fortement dans de nouveaux outils informatiques et à adapter les compétences de notre personnel.
Afin de préparer les nombreux départs à la retraite annoncés, un vaste chantier de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences préservera et développera nos savoir-faire tout en offrant des perspectives de carrière à nos salariés. En consacrant tous les ans deux millions à la formation de ses collaborateurs, l'Ina fait trois fois mieux que l'obligation légale : 4,7 % de la masse salariale contre 1,6 %.
Se doter des moyens de sa modernité, cela passe également par la réalisation d'une opération immobilière indispensable pour se mettre en adéquation avec l'évolution des métiers et des technologies. Pour ce projet inscrit au COM, l'État s'est engagé à verser une dotation exceptionnelle de 55 millions d'euros ; nous la complétons par le produit de la cession d'actifs immobiliers à Bry-sur-Marne, où nous sommes propriétaires de 7 hectares et par un prélèvement sur le fonds de roulement.
La construction d'un édifice unique sur le site actuel de Bry-sur-Marne vise à pérenniser l'activité de l'entreprise. Elle sécurisera les biens, les données et les personnes et singulièrement l'investissement de 150 millions d'euros réalisé par l'État en 15 ans au titre du PSN, notre data center étant devenu totalement obsolète. En regroupant nos collaborateurs, nous dégagerons le maximum de synergies, en particulier pour les fonctions documentaires.
Le projet initial a évolué afin d'optimiser les investissements et de répondre aux besoins d'aménagement du territoire. Il consiste désormais en la construction d'un bâtiment de 38 000 mètres carrés utiles pour un coût de 120 millions d'euros. Le protocole d'accord signé en mai 2012 entre l'État, la commune de Bry-sur-Marne et l'Ina s'inscrit parfaitement dans le contrat de développement territorial de ce secteur, lui-même partie intégrante du Grand Paris. Ce projet revêt un caractère stratégique pour l'Institut et pour cet Est parisien qui s'est longtemps senti esseulé.
La renégociation de la convention collective de l'audiovisuel public, qui a duré trois ans, aboutira demain par la signature conjointe de la direction et des deux organisations syndicales représentatives de l'accord cadre collectif d'entreprise, que le conseil d'administration a approuvé hier à l'unanimité. Il simplifie et modernise le cadre social actuel en l'adaptant aux nouveaux métiers de l'entreprise. Ce faisant, il traduit un équilibre entre le maintien de certains acquis sociaux et la prise en compte de nécessités de management.