… surtout dans les circonstances actuelles, avec une économie française fortement menacée.
Or que proposez-vous pour rétablir nos finances ?
Vous proposez d’augmenter les prélèvements obligatoires, qui s’élèveront à 44, 9 % du PIB cette année et à 46, 3 % l’an prochain, contre 39, 7 % en moyenne dans l’Union européenne, sans réduire notre dépense publique, qui représente 56 % du PIB, contre 48 % en Allemagne et 50 % en moyenne dans l’Union européenne. Mais vit-on moins bien en Allemagne, en Belgique, en Italie, en un mot, dans les pays pionniers de l’Union européenne, qu’en France ? Leurs services publics seraient-ils de moins bonne qualité ? Non, ils sont comparables aux nôtres.
D’autres pays se sont trouvés dans des situations similaires à celle que nous connaissons ; je pense en particulier au Canada, à la Belgique et à la Suède, qui ont supporté une dette excessive et l’ont fait très fortement baisser grâce à une refonte totale de la fonction publique.
Souvenez-vous, dans les années quatre-vingt-dix, du gouvernement social démocrate suédois, tenant d’une idéologie proche de la vôtre, qui avait fortement augmenté les impôts : les conséquences de cette hyper-fiscalité furent une fuite des cerveaux, un appauvrissement de la société, une chute du PIB, l’apparition du chômage, alors que celui-ci plafonnait jusqu’alors à 2 %. Voilà qui devrait, pour le moins, infléchir votre politique.
Les responsables allemands qualifient la France d’« homme malade de l’Europe » ; le chancelier Schröder déclare que la France pourrait devenir le problème de l’euro ; la presse modérée dénonce « l’illusion française » d’un président et de son gouvernement accrochés à leurs promesses, refusant de voir la réalité en face et soutenant que le bond économique se fera sans effort et sans économie.