Intervention de David Assouline

Réunion du 23 octobre 2012 à 15h00
Reconnaissance de la répression d'une manifestation à paris le 17 octobre 1961 — Adoption d'une proposition de résolution

Photo de David AssoulineDavid Assouline :

Le fait de reconnaître ces morts – vous l’avez fait ici, mais cela n’a pas toujours été le cas – constitue déjà un grand pas.

Je veux finir sur une vérité historique. Bien sûr, l’ambiance que vous avez décrite, notamment les assassinats de policiers, peut expliquer une telle sauvagerie. Mais il y a des responsables, y compris en cas de dérapage, quand, pris dans la folie de l’action, on se met à faire n’importe quoi. Parce que cela a tout de même duré des heures ! Or il y avait un préfet de police, une salle de commandement où l’on savait ce qui se passait dans le moindre recoin de la capitale ! Alors, si l’on n’a pas donné l’ordre d’agir, on peut au moins donner celui d’arrêter !

J’ai travaillé sur ce dossier : des archives officielles ont été ouvertes ; il est établi qu’il y a eu plusieurs dizaines de morts. Pourtant, le bilan officiel fait état de neuf blessés légers du côté des forces de l’ordre… Avez-vous déjà vu une manifestation qui dégénère des deux côtés, où il y a des violences de part et d’autre – où il n’y a donc « pas de responsables », comme dit M. Guaino –, où il y a 15 000 arrestations, des dizaines de morts du côté des manifestants et neuf blessés légers du côté des forces de l’ordre ? Même aujourd’hui, ce serait impossible ! Avec 15 000 arrestations, il y aurait, je pense, plus de turbulences.

Sur les faits comme sur le sens de ce qui nous est demandé aujourd’hui, arrêtons de nous envoyer à la tête les morts des uns ou des autres. Tous les morts méritent reconnaissance.

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