Intervention de Alain Vidalies

Réunion du 23 octobre 2012 à 15h00
Reconnaissance de la répression d'une manifestation à paris le 17 octobre 1961 — Adoption d'une proposition de résolution

Alain Vidalies, ministre délégué :

Reconnaître avec lucidité ce qui est intervenu le 17 octobre 1961 n’efface aucun événement de nos mémoires, ni ne restreint le travail critique des historiens.

Mesdames, messieurs les sénateurs, nous ne voulons plus nier les faits d’octobre 1961, mais nous n’oublierons jamais la longue liste des autres tragédies de cette guerre longtemps innommée, longue liste rouge du sang des milliers de victimes des attentats et de la répression en cascade : la Toussaint rouge, les attentats du casino de la Corniche, de la rue de Thèbes, de Charonne et de Château-Royal, les massacres de Melouza ou du Constantinois.

Ce 51e anniversaire est l’occasion pour les pouvoirs publics de rétablir la vérité sur ce qui s’est déroulé un soir d’octobre 1961, en plein cœur de notre capitale.

Les mots du chef de l’État comme notre échange de ce jour le permettent. Dans le respect, avec mesure, il faut que la vérité soit dite, sans repentance ni mise en accusation particulière.

Il faut, en cet instant, rappeler l’action des présidents Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, qui ont accompli cet effort de lucidité sur d’autres sujets, à propos d’autres périodes.

C’est dans ce même esprit de justice et d’apaisement que nous avons célébré avec gravité le 51e anniversaire de ce tragique 17 octobre 1961.

Mesdames, messieurs les sénateurs, pour le Gouvernement, il n’y a aucune leçon ou doctrine d’État à établir ou à imposer. Il est clair que le savoir historique est par essence contradictoire et évolutif. Nous le savons tous.

Dans la démarche du Président de la République, comme dans cette proposition de résolution, il n’y a nulle volonté d’établissement d’une quelconque politique mémorielle tendant à produire puis à imposer une mémoire officielle à la société française.

Si j’ai l’honneur aujourd’hui de m’adresser à vous dans cet hémicycle, je veux aussi rappeler à ceux qui s’en inquiètent que nous ne débattons pas de l’adoption d’une loi ou d’un texte de portée normative dont le non-respect serait sanctionné par les pouvoirs publics.

Aucune injonction étatique à se souvenir ne remplace l’injonction au déni public des cinquante dernières années. À l’oubli impérieux succède non pas l’impératif de contrition, mais l’exigence de vérité.

Nous ne croyons pas, en effet, qu’il y ait un quelconque dogme de l’infaillibilité étatique, une forme d’histoire officielle et révélée qui s’imposerait et échapperait à tout discours raisonnable. La vérité sur des faits, faits objectivés autant qu’il est possible par des décennies de travaux de chercheurs et par les témoignages rassemblés, voilà ce qui compte.

La guerre d’Algérie, sombre période de la conscience nationale, doit sortir des turbulences passionnelles et du traumatisme collectif pour s’offrir, enfin, à l’examen de l’historien.

La guerre d’Algérie a été un moment décisif de l’histoire contemporaine.

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