Intervention de Pierre Papon

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 8 novembre 2012 : 1ère réunion
Audition de M. Pierre Papon auteur de « bref récit du futur prospective 2050 science et société »

Pierre Papon :

Notre vision de la relation entre masse et énergie aura peut être évolué d'ici quelques décennies. Dans son article de 1905, Einstein, qui livre sa fameuse formule E=mc2, estime également qu'il n'est pas impossible que sa formule explique l'énergie dégagée par la radioactivité du radium.

La quatrième génération des centrales nucléaires est une réalité, mais les conditions de sécurité ne sont pas encore optimales. Si l'on y parvient, l'impact serait important, surtout pour les pays en développement.

Le solaire n'est aujourd'hui pas rentable, sauf dans le sud de l'Espagne et en Arizona, car les conditions technologiques ne sont pas encore réunies. Là aussi, un verrou doit sauter.

Le biocarburant pourra se développer si nous trouvons des techniques plus compétitives pour utiliser les déchets végétaux. Le Brésil est une puissance émergente en partie parce que ce pays a su développer sa filière biocarburant à partir de la canne à sucre. La France doit donc poursuivre ses recherches en ce domaine.

L'informatisation massive de la société et la mise en réseau sont des facteurs de vulnérabilité considérables. Il en va de même pour les réseaux électriques : il y a quelques mois, le Brésil a été paralysé par une panne électrique majeure. Il en avait été de même en Suisse voici deux ou trois ans. En cas de panne des réseaux informatiques, nos sociétés seraient au point mort, d'où la nécessité d'améliorer la cybersécurité et de lutter contre la cybercriminalité. Peut être faudrait-il songer à isoler localement certains réseaux de façon à parer à une panne globale.

Je crains que la réflexion sur la formation à l'université et en école d'ingénieurs ne soit insuffisante. M. Gallois évoque d'ailleurs dans son rapport la question de l'enseignement secondaire. Ce problème rejoint la remarque de Mme Keller sur la suspicion à l'égard des sciences et techniques : les jeunes hésitent désormais à s'engager dans ces cursus. Il n'est pas certain que l'éducation nationale et les universités prennent le problème à bras le corps. Depuis de nombreuses années, on constate une désaffection des élèves pour l'enseignement technique ; cette désaffection touche aussi les écoles d'ingénieurs qui ont multiplié les options de gestion financière dont les métiers sont sans doute plus rémunérateurs, au détriment des métiers en contact avec le réel. M. Gallois me disait que, lorsqu'il était président d'EADS, il avait beaucoup de mal à recruter des ingénieurs français pour ses laboratoires de Toulouse : même à SupAéro, les étudiants préfèrent la finance à l'aéronautique. Il y a un déficit de cohérence et de compétences. L'Etat, qui est le tuteur des écoles d'ingénieurs, est responsable de la situation actuelle. C'est d'autant plus regrettable que l'Allemagne forme excellemment de nombreux techniciens à bac+2, ce qui est préférable à certains masters qui se révèlent en définitive peu utiles.

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