Intervention de Jean-Luc Hees

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 15 novembre 2012 : 1ère réunion
Exécution du contrat d'objectifs et de moyens pour la période 2012-2014 — Audition de M. Jean-Luc Hees président de radio france

Jean-Luc Hees, président de Radio France :

Il me paraît toujours difficile de commenter l'exécution du contrat d'objectifs et de moyens de l'année précédente, car nous vivons surtout dans le présent et le futur.

Nos premiers résultats d'audience sont tombés hier. Ils ne diffèrent pas fondamentalement des chiffres de 2011, même s'ils sont meilleurs. Je suis assez satisfait des performances de Radio France en termes de contenus, et de la confiance que nous font les Français : cela signifie qu'un service public peut allier qualité et résultats. Nous avons gagné quatre cent mille auditeurs en un an, ce qui est très encourageant.

Lorsque je suis arrivé à Radio France, au début de la période couverte par ce COM, mon ambition était de renforcer notre rôle dans trois activités : informer, éduquer, distraire, le tout avec un haut niveau d'exigence. C'est dans ce sens qu'ont travaillé nos antennes, guidées aussi par la réaction de leur audience.

France Culture a battu hier son record historique en ralliant 2,1 % d'audience. Au-delà de la satisfaction qu'il nous apporte en validant le travail de nos équipes, ce chiffre signifie qu'en France, les auditeurs ne sont plus rebutés par la complexité, l'exigence, la qualité, qui sont les axes que nous avions choisis pour toutes nos chaînes. Je suis fier que la radio puisse apporter cela à nos concitoyens. La stratégie que nous avions retenue il y a deux ans a donc montré tout son sens.

France Inter, notre navire amiral, se porte très bien. Elle a gagné des auditeurs, et est revenue à ses fondamentaux, qui sont exigeants : informer les Français en décryptant une actualité qui a été très chargée cette année. Les Français nous font confiance. Je demande aux dirigeants de prendre des risques : proposer un coup d'oeil sur Montaigne en plein été, par exemple. Nos auditeurs semblent adhérer. L'arrivée de Frédéric Lopez, entre 11 h et 12 h 30, n'allait pas non plus de soi. Nous avons diversifié le profil des intervenants, et cela apporte en richesse à nos débats. Le pari d'élever le niveau du divertissement semble réussi. Un programme ambitieux comme Sur les épaules de Darwin, qui a été soutenu par Philippe Val, montre bien qu'on n'a pas besoin de tirer toujours le public vers le bas pour avoir des résultats.

France Info, qui est l'une des chaînes essentielles de notre groupe, est sur un marché plus difficile. La concurrence menée par les chaînes d'information, notamment télévisuelles, est extrêmement rude. Certains avaient fait le pari que dans une année chargée en actualités les Français se détourneraient de l'information, nous avons fait le pari inverse, et cela a été très positif pour France Info. Après une perte d'audience il y a deux ou trois ans, liée à l'introduction de nouveaux modes de consommation de l'information, France Info a retrouvé ses positions, malgré une légère baisse d'audience, de 0,2 %, par rapport à l'an dernier.

J'accorde une attention particulière au réseau de France Bleu, qui représente un tiers du budget et du personnel de Radio France, pour quarante-trois stations. Les résultats de cette période de rentrée sont excellents : une part de marché de 7,3 %, soit presque quatre millions d'auditeurs, et une durée d'écoute en augmentation, ce qui signifie que France Bleu n'est plus écoutée pour des actualités locales, mais que son auditoire est fidélisé. Malheureusement, France Bleu ne couvre pas encore toute l'étendue de notre territoire, ce qui est anormal : tous les citoyens paient des impôts et devraient donc bénéficier du même service. Dans les territoires desservis par France Bleu je sens une véritable adhésion du public. C'est l'un de nos principaux axes de développement d'audience, mais l'augmentation de la couverture du territoire représente un investissement important. Nous avons déjà ouvert deux stations, au Mans, et à Toulouse, et nous allons en ouvrir une à Saint-Étienne, où la discussion avec les élus locaux se déroule dans un très bon climat. Nous tâchons d'obtenir davantage de fréquences, mais la ressource est limitée.

France Musique a une audience stable, ce qui ne me satisfait guère. Cette station doit s'ouvrir davantage : il faut aimer la musique, mais aussi la radio. On ne saurait la comparer à Radio Classique, dont la nature et les contraintes sont différentes, mais on doit pouvoir mieux faire.

FIP se porte vraiment très bien. Elle dispose de dix fréquences, ce qui est peu. Elle a célébré l'an dernier ses quarante ans, et a revu sa programmation pour revenir vers ses fondamentaux : non seulement de la musique de la variété mais aussi du jazz et de la musique classique. C'est plus un enjeu de prestige pour Radio France que d'audience : à cet égard, la mission est remplie.

Le Mouv' m'intéresse infiniment. Cette station existait depuis douze ans à mon arrivée. Elle était basée à Toulouse. Mais elle n'avait pas rencontré son audience : son taux de notoriété ne dépassait pas 60 % à Toulouse même. Or je considère que c'est une mission fondamentale du service public que de s'occuper des populations jeunes, en leur proposant le niveau de qualité qui est celui que nous cherchons à développer. Fallait-il arrêter Le Mouv' ? Je ne me suis posé la question qu'une nanoseconde ! Il faut continuer, même s'il est très difficile de faire renaître une station existante qui a peu de succès. Nous y travaillons, toutefois : nous avons reconstruit Le Mouv', en installant son siège à Paris, en restructurant l'équipe. L'audience a d'abord baissé, passant de 1 % à 0,4 %, soit deux cent mille auditeurs, ce qui n'est certes pas satisfaisant, mais elle vient de remonter à 0,5 %, soit une hausse de 20 %, ce qui est encourageant. Je souhaite que Le Mouv' soit la vitrine numérique de Radio France.

Les formations musicales : orchestre national, orchestre symphonique, orchestre philharmonique, choeur de Radio France et nos maîtrises, vivent un moment difficile, car la Maison de la Radio est en travaux, imposés par les impératifs de sécurité incendie. Nos formations sont donc nomades. Nous attendons avec impatience la réouverture de nos locaux.

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