Je vous remercie, au nom de mes équipes, pour ces félicitations qui sont aussi des encouragements.
France Culture accueille 1,2 million d'auditeurs tous les jours. La réussite de cette radio unique au monde ne doit rien au hasard : elle est le fruit d'une stratégie et d'investissements qui lui ont donné d'importantes ressources en matière d'information et à l'étranger. Nous avons atteint la masse critique d'audience à partir de laquelle il est possible d'établir une sociographie, de savoir qui nous écoute et pourquoi. France Culture est beaucoup plus accessible, elle n'est plus un ghetto d'intellectuels et d'universitaires et touche maintenant les étudiants, de plus en plus nombreux. Objectifs et résultats sont donc en adéquation. Réjouissons-nous en, mais ne nous focalisons pas sur les sondages qui peuvent varier. L'important, c'est que cette station inouïe est ouïe.
En ce qui concerne l'installation de Radio Bleu à Saint-Étienne, je dois dire que j'ai beaucoup apprécié les échanges que j'ai eus avec les élus de tous bords qui se préoccupent avant tout de l'intérêt général. Les travaux ont démarré ; nous avons pléthore de candidats pour le poste de directeur qui sera pourvu en janvier 2013, en attendant l'ouverture de l'antenne au deuxième semestre.
Il n'y a pas de modèle économique pour le numérique et nous manquons de visibilité. Pour un chef d'entreprise, la difficulté est d'établir le niveau des investissements. Bien sûr, nous ne risquons pas de nous tromper en investissant des millions dans le numérique, mais nos contraintes budgétaires et financières m'incitent à être prudent et à attendre que se manifeste une vraie synergie entre l'antenne et nos sites web. La situation évolue très vite. En même temps, il y aura toujours des irréductibles, ne fréquentant que les antennes radio. En attendant, nos applications mobiles et nos sites web ont tous été rénovés : le dernier en date, celui de France Bleu, sera opérationnel à la fin du mois. Du point de vue des investissements, c'est l'ensemble de ce conglomérat qui est à prendre en compte, pour viser au plus juste.
Le personnel n'est pas en reste : plus de cent personnes sont dédiées au numérique. Le numérique est une aventure fascinante qui suscite beaucoup d'attentes et d'interrogations. Jusqu'où va-t-on aller ? L'aventure a-t-elle une fin ? Quels sont les produits et les contenus de demain ? Une sorte de frénésie du numérique s'est emparée de la maison et les gens sont véritablement assoiffés. Mais je ne peux pas décider de créer des postes du jour au lendemain, je suis contraint par le périmètre d'emplois défini par le COM. Nous procédons à des redéploiements, les choix ne sont pas faciles. Un départ en retraite doit-il être remplacé alors que nous avons de nouveaux besoins ? Le personnel s'interroge aussi, je le comprends. J'encourage la mobilité, toujours sur la base du volontariat. De nombreuses personnes voient leur avenir dans le numérique et aimeraient rejoindre la direction des nouveaux médias. Beaucoup de nos 700 techniciens baignent dans le numérique et souhaitent s'orienter vers les nouveaux médias. A nous d'apprécier les besoins avec prudence. Si certaines stations du réseau France Bleu sont mieux dotées en personnel que d'autres, c'est que les besoins des 50 000 habitants de Guéret ne sont pas ceux du million de Lillois. Poste par poste, nous négocions, au risque de grèves, comme celui d'octobre dernier, pour le redéploiement d'un poste et demi de technicien de Nancy à Metz. A nous d'être adroits et persuasifs : l'anxiété n'est jamais loin quand il s'agit d'emploi. Cela étant dit, nous sommes en fin de parcours concernant le multimédia, dans un périmètre d'emplois que je suis contraint de respecter. Les années que nous vivons ne sont pas faciles, mais l'aventure est excitante, même pour le personnel : il y a un monde à explorer ! À nous de placer le curseur au bon endroit en matière de finances publiques.
Nous avons signé en 2010 un accord sur la prévention des risques psycho-sociaux. Dans une entreprise de 5 000 personnes, c'était d'autant plus indispensable que dans un environnement assez actif, il est facile de minorer ces problèmes. Les ressources humaines sont en alerte permanente. L'impression d'être vertueux n'est souvent qu'une manifestation d'inconscience ! Nous avons aussi demandé le label diversité, que nous devrions obtenir au début de l'année prochaine. Il ne s'agit pas simplement d'une opération de communication : il est très important que l'entreprise soit amenée à codifier certaines choses. Il en va de même pour les risques psycho-sociaux.
Je suis très favorable à la RNT. Je suis un homme de radio et j'ai effectué la quasi-totalité de ma carrière dans le service public. La RNT nous garantit la gratuité, l'anonymat, la sécurité, l'indépendance vis-à-vis des opérateurs téléphoniques : en un mot, la liberté. Cependant, le bon élève que je suis ne méconnaît pas les difficultés financières de son actionnaire. En outre, nous devrons affronter l'hostilité manifeste des autres opérateurs de radio qui craignent la concurrence. Il est probable que dans les mois à venir, la France n'aura pas les quelques millions d'euros nécessaires au financement d'une double diffusion. Ce que j'ai demandé à ma tutelle, et je crois avoir été entendu, c'est de ne pas enterrer l'idée. Nos voisins vivent avec la RNT, l'Angleterre en est à un tiers de diffusion numérique sur le DAB (Digital audio broadcasting). Le processus est lent, mais tout le pays est couvert, un nouvel investissement doit permettre d'achever le maillage RNT pour les stations locales. Nous ne pourrons pas vivre isolés entre la Suisse, l'Allemagne, qui s'est lancée l'année dernière, et la Belgique, qui s'y prépare. L'idée sera d'autant moins enterrée que je ne lui connais pas d'ennemis théoriques. D'ailleurs, les voitures fabriquées en Angleterre et en Allemagne sont désormais équipées RNT. Pour aller de Londres à Berlin, il faudra traverser un pays non équipé : la France. Pourrons-nous éternellement faire bande à part ?
Quant à France Info, je rends d'abord hommage à ses équipes qui renouvellent chaque jour la radio et ouvrent quotidiennement une page blanche dans un univers où il faut se battre pour apporter tous les jours une valeur ajoutée journalistique. C'est cela le journalisme, dans une maison qui n'est faite que de journalistes : ils sont un peu plus de cent, ce qui n'est pas considérable compte tenu du débit. Son directeur, Pierre-Marie Christin, est lui-même un excellent journaliste, et nous nous entretenons régulièrement autour du thème : qu'offrir de plus que les autres ? C'est un travail passionnant mais il faut repenser la stratégie tous les jours, en fonction de ce qu'offrent nos concurrents. L'offre en matière d'information est, je retiens un « hélas », gigantesque, et nous voulons faire de France Info la référence en la matière. J'avais un slogan, « Informer, c'est un métier », c'est «L'information, c'est une vocation » qui a été choisi.