Intervention de Jean-Noël Cardoux

Réunion du 14 novembre 2012 à 14h30
Financement de la sécurité sociale pour 2013 — Article 15

Photo de Jean-Noël CardouxJean-Noël Cardoux :

Je souscris à tous les arguments en matière de répercussion sur l’emploi développés par M. Barbier, Mme Dini et M. Milon.

Pour tempérer les affirmations, en particulier celles exprimées par M. Daudigny, selon lesquelles la cotisation au forfait pénaliserait les salariés, je vous propose, mes chers collègues, un calcul très simple en prenant le cas d’une salariée à mi-temps que je connais bien, payée 2 euros au-dessus du SMIC.

En se basant sur le montant réel, la salariée dont j’ai pris l’exemple subira une retenue supplémentaire de 45 euros à la fin du mois, ce qui n’est pas négligeable par les temps qui courent. Il s’agit donc encore d’une amputation de son pouvoir d’achat, et je vous assure que, quand on lui annonce, elle fait la grimace.

Vous me rétorquerez qu’il s’agit d’un calcul à court terme et qu’on ne maîtrise pas le manque à gagner pour la retraite. C’est d’ailleurs dans ce domaine que le problème se pose, car cela ne change rien en matière de remboursements médicaux, non plus qu’en ce qui concerne les indemnités de chômage, qui sont forfaitisées.

Donc, pour reprendre ce calcul – vous me pardonnerez, j’aime particulièrement les mathématiques financières –, si la salariée en question mettait de côté ces 45 euros par mois et les plaçait sur quarante ans, ce qui est la durée d’une carrière normale, à un taux d’intérêt relativement raisonnable de l’ordre de 3 %, les intérêts cumulés représenteraient un capital non négligeable de 37 000 à 40 000 euros au moment de son départ à la retraite. C’est une vue de l’esprit, je vous l’accorde, et il faudrait affiner le calcul, mais, pour la salariée, cela pourrait sans doute compenser le petit manque à gagner sur sa retraite.

Certes, je sais que, par principe, vous refusez de favoriser la retraite par capitalisation, et il est vrai qu'une salariée qui perçoit un faible revenu ne consentira pas cet effort d'épargne, sauf si elle est très précautionneuse. Reste qu’une retenue de 45 euros, chaque mois, au bas de la feuille de paye, sera ressentie durement par les salariés modestes.

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