Ma connaissance du secteur des transports : en 1999, j'ai été sous-directeur du budget chargé des transports, des routes, et je négociais mes budgets avec Pierre Graff et Patrick Gandil... J'ai été administrateur de RFF à sa création. A la Caisse des dépôts, je me suis intéressé à l'activité de la filiale CDC Infrastructure, notamment au Lyon-Turin. Je me suis également penché sur l'investissement de long terme et les fonds européens, Inframed et Marguerite.
Comment améliorer le service aux clients, demandez-vous : par une politique de coresponsabilité, afin de résoudre chaque problème qui survient, au lieu de cultiver un réflexe de défausse et provoquer un légitime mécontentement des clients. J'envisage également d'intéresser les salariés, notamment dans le domaine de l'ingénierie : l'expérience d'Egis, dont j'ai ouvert le capital à 25 % aux salariés, m'a prouvé que cela est possible.
Le modèle économique d'ADP est très particulier : pour moitié un monopole, pour moitié une concurrence pure et parfaite. S'agissant du premier, les tarifs, autrement dit les redevances de l'aviation aérienne, sont fixés par l'Etat. Ce dernier a décidé d'introduire ADP en bourse. Le prix étant fondé sur l'actualisation des bénéfices, on ne peut changer chaque matin les règles du jeu. La rentabilité interne des infrastructures ne sera pas supérieure à 10 %, mais suffisante pour rémunérer le capital à 6,5 %.
Dans le document de référence pour 2011, la répartition du capital était la suivante : l'Etat détenait 52 % du capital, Schiphol 8 %, le fonds stratégique d'investissement (FSI) 8 %, les investisseurs institutionnels 23 %, les actionnaires individuels 7 %. Aujourd'hui l'Etat, ayant demandé au FSI de payer ses dividendes en actions ADP, est monté à 56 %. Je n'ai pas l'intention de demander la privatisation, comme je l'ai trop souvent vu faire par des dirigeants d'entreprises publiques qui rêvaient d'avoir les coudées franches et d'augmenter leur salaire. Que de dérives ensuite...
C'est à l'Etat de fixer le niveau de sa participation, pas à moi. En revanche, je l'alerterais sur les risques encourus si sa participation diminuait trop : dans une entreprise de cette importance pour le pays, il est bon que l'Etat soit au capital ; ensuite, les redevances aéroportuaires stagneraient, puisque l'Etat n'aurait plus intérêt à les augmenter, n'escomptant plus de dividendes. Mais, je le répète, je n'ai pas à avoir de point de vue sur le sujet !
D'après mon expérience des entreprises publiques, il ne faut toucher au statut du personnel qu'avec une main tremblante.
L'économie européenne va connaître une croissance modérée dans les années à venir. Mais notre objectif est de gagner des parts de marché par rapport à Francfort, à Londres et à Zurich. L'Europe va accueillir un nombre croissant de touristes chinois. A Schiphol, la signalétique est déjà en mandarin. Si nous étions capables de faire de même, nous disposerions d'une longueur d'avance sur d'autres aéroports.
M. Revet m'a interrogé sur les tarifs. On signe un contrat pour le respecter. ADP a une relation très paisible avec l'Etat sur ces questions, d'autant que ce dernier exerce une compétence liée. Notre relation n'a rien à voir avec ce qui peut exister entre l'Etat et GDF-Suez.