Intervention de Catherine Tripon

Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes — Réunion du 29 novembre 2012 : 1ère réunion
Femmes et travail — Audition de Mme Catherine Tripon membre du conseil d'administration du laboratoire de l'égalité

Catherine Tripon, membre du conseil d'administration du Laboratoire de l'égalité :

C'est l'idée de la formation tout au long de la vie. De nos jours, on ne reste plus trente ans dans le même emploi. Il faut pouvoir changer de métier, de secteur d'activité. Il faut sensibiliser les recruteurs, ainsi que Pôle emploi et les sociétés d'intérim, qui sont encore trop frileux en la matière. Revoyons également les formations proposées aux personnes entre deux emplois. Ayant été moi-même deux fois au chômage, j'ai été atterrée par ce que l'on me proposait. Le bilan de compétences - que le conseil régional d'Île-de-France finance à 80 % - mériterait d'être généralisé. Il permet de passer du « ce que vous faites » au « ce que vous êtes » et de transférer ce savoir-être en compétences utilisables dans un autre métier. Il n'y a pas lieu de le réserver aux cadres : chacun est capable de changer de métier, dès lors qu'on lui en donne les moyens.

Le personnel de Pôle emploi mériterait d'être mieux formé pour accompagner les personnes de manière plus opérationnelle. Il faut également en finir avec la posture du corps enseignant en général à l'égard de l'entreprise, accusée d'incarner le grand capital. Au contraire, elle a toute sa place dans la vie scolaire : l'apprentissage et l'alternance permettent aux jeunes de se frotter à la réalité du monde du travail. Il en va de même pour l'université : trop de brillants doctorants ne trouvent pas d'emploi ! Les ministres de l'Éducation nationale et de l'Enseignement supérieur devront se pencher sur la question avec pragmatisme. Des pistes existent, même s'il faudra sans doute du temps pour créer des viviers de femmes susceptibles de diriger des CHU ou des universités. Pour mémoire, sur 122 présidents d'universités, huit sont des femmes. L'État ne s'applique pas à lui-même ce qu'il impose au privé !

Projetons un changement d'organisation qui permette aux femmes mais aussi aux hommes de concilier vie privée et vie professionnelle, neutralisons le genre avec la parentalité - d'autant que le mariage pour tous changera le paradigme. Permettons aux parents de travailler, de se former, de recommencer. Le marché de la formation, qui représente des centaines de millions d'euros, est un véritable fromage, fort mal géré, en raison du poids des groupes d'intérêt. Tout le monde doit balayer devant sa porte. À l'État, au Parlement d'imposer aux acteurs une remise à plat de leur mode de fonctionnement.

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