Intervention de Jacques Mézard

Réunion du 4 décembre 2012 à 22h00
Recherche sur l'embryon et les cellules souches embryonnaires — Question préalable

Photo de Jacques MézardJacques Mézard :

Ainsi va la vie démocratique dans une enceinte comme la nôtre !

Mes chers collègues, le texte que nous vous soumettons dépasse les clivages politiques traditionnels. Depuis sa création en 1892, notre groupe s’est en effet toujours inscrit dans une tradition : la défense de la liberté de conscience, de la liberté d’expression et le respect de la diversité des opinions ; il s’est toujours prononcé en faveur de l’humanisme, contre l’obscurantisme et pour les avancées sociétales.

Nous entendons les arguments de ceux qui s’opposent à nos idées. Nous les respectons, même si nous déplorons certaines argumentations, comme celle exprimée par notre excellent collègue Bruno Retailleau. Malgré la grande estime que je porte à son intelligence et à son travail, en soutenant qu’« en nous abstenant de voter ce texte, […] nous éviterions de commettre une trangression anthropologique », il utilise un argument qui, selon moi, va trop loin.

Ces questions sociétales posent des problèmes de conscience, et nous ne l’oublions pas. Nous exprimons aussi notre conception de l’humanité et de l’homme.

Comment, à l’occasion d’une telle discussion, ne pas se souvenir des combats de tous ceux qui, depuis Galilée, ont fait avancer la raison ? Personnellement, comment pourrais-je oublier les débats intervenus ici même en 1975 sur la loi Veil ? J’y ai assisté dans la tribune du public et l’auteur de mes jours en était le rapporteur. Comment ne pas se rappeler la violence des opposants, lesquels se dressaient à l’époque contre l’avortement en se prévalant de l’existence de la pilule après l’adoption de la loi Neuwirth, qu’ils avaient pourtant combattue quelques années auparavant ? Comment oublier que nombre de ceux qui criaient « Laissez-les vivre ! » votaient quelques années plus tard contre l’abolition de la peine de mort ? Aujourd'hui, il en va de même avec ceux qui contestent le mariage pour tous, en se référant au PACS qu’ils avaient combattu avec hargne.

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