Intervention de Rodolphe Belmer

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 5 décembre 2012 : 1ère réunion
Audition de M. Rodolphe Belmer directeur général du groupe canal +

Rodolphe Belmer, directeur général du groupe Canal + :

Je peux vous livrer de mémoire les chiffres suivants. Le groupe Canal a un chiffre d'affaires de 4,7 milliards d'euros par an, dont 3,6 milliards sur le territoire, ce qui en fait le premier groupe de médias en France. Il investit 2,2 milliards d'euros dans les programmes, dont environ 1,5 milliard pour Canal + et plus de 700 millions d'euros au titre des chaînes de CanalSat. Sa croissance est de 3 % par an. Ses résultats bruts et nets s'élèvent respectivement à environ 700 et 300 millions d'euros par an, et sont en stagnation. La rentabilité du groupe est inférieure à 10 % en France.

Sur les effets de la fiscalité, le nouveau crédit d'impôt prévu pourrait avoir un effet positif de trois millions d'euros par an sur le groupe, alors que la hausse de la TVA en 2013 aura pour conséquence une augmentation de 80 millions d'euros sur le montant payé. La hausse de la TVA de 2012 a été amortie à hauteur de 20 millions d'euros par une élévation du niveau de l'abonnement et de 20 millions d'euros par des économies. L'étude d'UFC-Que choisir citée raisonnait en euros courants. Or, la hausse de l'abonnement en 2012 prenait aussi en considération l'augmentation générale des prix. Le passage à une TVA à 10 % devra, quant à lui, être répercuté dans les coûts, car le groupe ne peut augmenter l'abonnement dans le contexte actuel.

L'activité du groupe Canal dans la distribution n'est pas la plus florissante. Après la disparition du duopole CanalSat/TPS, nous sommes entrés dans l'ère de la distribution multi-chaînes, avec une concurrence des opérateurs ADSL qui s'auto-distribuent : ils représentent 14 millions de foyers. Une double concurrence émerge en outre avec le développement des chaînes thématiques de la TNT, qui remettent en cause la spécificité des programmes proposés par les chaînes du satellite, et l'arrivée de programmes thématisés gratuits sur Internet. Je ne partage donc pas forcément l'analyse de l'Autorité de la concurrence sur le marché de la distribution, qui est complexe et en forte évolution.

Les échos dans la presse d'une offre triple play sont infondés. Nous avons passé des accords avec certains opérateurs comme Bouygues et bientôt SFR, qui sont en difficultés financières et qui souhaitent nous sous-traiter leur activité télévision. Ils ont arrêté d'investir dans les contenus. On le fait à leur place. Nous n'avons pas, par contre, de savoir-faire dans la vente d'Internet, ni dans la production de biens Internet. Le groupe Canal + reste un groupe de télévision et de création.

Concernant la question de l'entrée en bourse du groupe Canal +, en fait il s'agit de l'entrée en bourse de l'une de ses structures juridiques, Canal + France, qui regroupe les activités de télévision payante sur le territoire français. Cette structure est possédée à 80 % par Canal+ et à 20 % par le groupe Lagardère. C'est ce dernier qui a la possibilité de mettre ses parts en bourse. Il a souhaité monétiser sa participation il y a deux ans mais ce n'était pas le bon moment. Il a émis publiquement l'idée de renouveler cette mise en bourse mais aucune date n'a été fixée et de toute façon, c'est une décision qui ne nous appartient pas. Cela n'aura pas d'intérêt particulier pour nous, ni de désavantage.

Pour information, Vivendi possède le groupe Canal à 100 %, qui possède lui-même 80 % de Canal + France qui possède lui-même la chaîne Canal + à 49 %. Comme vous le savez, la loi interdit de posséder plus de 49 % d'une fréquence hertzienne, même si cela apparaît un peu obsolète dans le paysage actuel.

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