Merci de votre invitation, Monsieur le président.
Le groupe Écocert, aujourd'hui leader mondial de la certification en agriculture et cosmétiques biologiques, a pour origine une association créée en 1978 et dédiée à la promotion de l'agriculture biologique ; une entreprise lui a succédé en 1991, alors même que se mettaient en place les premières règles européennes, et le groupe a connu depuis une très forte expansion, non seulement de son implantation géographique (24 filiales et des clients dans 85 pays), mais aussi du domaine de certification couvert.
Notre premier métier est la certification, activité de vérification de la conformité des produits, systèmes et activités aux règlements officiels, comme en matière d'agriculture biologique, de cosmétiques, de textiles biologiques ou encore de contrôle qualité et sécurité des aliments.
Nous avons également une activité de contrôle « simple », où nous créons, gérons et attribuons des labels Écocert sous condition de respect de certains cahiers des charges spécifiques : commerce équitable, écoproduits, espaces verts, émissions de gaz à effet-de-serre. L'intérêt de ces référentiels est généralement d'anticiper les futures réglementations publiques, et ils ont souvent vocation à s'effacer progressivement au profit de celles-ci.
Près de la moitié de nos 600 collaborateurs sont employés en France, et notre réseau international de filiales et de joint-ventures nous permet d'être présents dans tous les grands bassins de consommation, où nous privilégions toujours le travail avec des acteurs locaux.
Au-delà de la seule certification des pratiques durables, Écocert souhaite les étendre et les améliorer en incitant les acteurs privés et les collectivités publiques à prendre conscience et à faire évoluer leur modèle économique et maîtriser leur empreinte écologique.
Nous nous efforçons d'ailleurs de respecter, dans l'activité quotidienne de notre groupe, les valeurs de préservation de l'environnement et de promotion du développement durable qui sont au coeur de notre métier.
Concernant d'abord le bilan carbone du groupe Écocert, nos émissions de CO2 en 2012 sont en hausse de seulement 0,8 % malgré une augmentation substantielle de notre activité et du nombre de nos collaborateurs. C'est par ailleurs la première année que ces émissions seront intégralement compensées, en ligne avec notre objectif de développer désormais une activité totalement « carbone neutre », grâce à un projet d'agroforesterie dans le Gers et au financement de plusieurs initiatives environnementales en Inde.
Concernant notre consommation énergétique, Écocert dispose d'un bâtiment de 2025 m2 à énergie positive et à faible empreinte écologique, dont la construction a privilégié intervenants et matériaux locaux.
Sur le plan du confort, le bâtiment est tout à fait au niveau des immeubles classiques, que ce soit pour l'isolation phonique et thermique, pour l'acoustique ou encore pour la ventilation.
La notion de comptabilité universelle a été établie par Jacques de Saint Front et Michel Veillard : ces deux experts comptables ont décidé d'inclure, dans la valorisation des investissements, les effets sociaux des investissements considérés, nous y avons ajouté le bilan carbone de l'activité de l'entreprise, en incluant ce nouveau calcul dans le compte de résultats. La compensation est évaluée à l'euro près, de même que les économies d'émission de CO2 : à cette aune, les progrès du bilan carbone entrent dans les actifs de l'entreprise, parmi d'autres valeurs immatérielles - sans rien à leur envier sur le plan de la légitimité.
Le label « Engagement climat », quant à lui, vise à faire reconnaître les initiatives de réduction des gaz à effet de serre. Vous savez l'urgence que nous avons d'agir : le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) alerte sur les effets désastreux qu'aurait le réchauffement de 4° vers lequel nous allons à l'horizon 2050, des scientifiques ajoutent qu'au-delà de 2° de réchauffement, un emballement risque fort de se produire avec des effets en chaîne inéluctables - la fonte du permafrost, par exemple, libèrerait une grande quantité de CO2, lequel contribuerait au réchauffement climatique. Si un tel emballement climatique se produisait, il n'y aurait plus d'adaptation possible, mais bien la catastrophe climatique que nous décrivent les scénarios pessimistes d'aujourd'hui. Or, les négociations politiques internationales échouent, incapables de prendre les mesures à la hauteur du défi : songez que pour s'en tenir à 2° de réchauffement en 2050, il faudrait que chacun des neuf milliards d'habitants contribue alors à deux tonnes de CO2 par an, quand nous sommes aujourd'hui à dix tonnes en Europe, à vingt tonnes aux Etats-Unis et même à soixante tonnes à Doha, où vient d'échouer la récente conférence sur le climat...
Quand les politiques n'avancent pas assez vite, une possibilité d'avancer demeure du côté de la société civile et des acteurs économiques : c'est la voie que nous avons décidé d'emprunter. Nous avons recherché les raisons qui inciteraient les entreprises à changer de comportement ; elles sont nombreuses, depuis la réputation jusqu'à l'accès à de nouveaux produits, en passant par la motivation des salariés - et elles peuvent former un cercle vertueux. La première étape, c'est le bilan carbone de l'entreprise proprement dit, c'est-à-dire les émissions de son activité considérée dans son détail. Une fois mesuré, ce bilan carbone peut être amélioré, en particulier par la compensation, jusqu'à parvenir à un résultat « carbone neutre », celui où le label « Engagement climat » est décerné.
Le réchauffement climatique annonce une catastrophe pour demain, mais nos stratégies et nos outils sont peu opératoires, l'approche globale manque : avec le référentiel, la comptabilité universelle étendue au bilan carbone et le label « Engagement climat », nous proposons des outils clairs, simples à mettre en oeuvre, qui prennent en compte les améliorations en continu. Le cahier des charges de notre référentiel est accessible à tous, applicable à toutes les collectivités et toutes les entreprises, les évaluations et les comparaisons peuvent facilement être communiquées, tout cet ensemble est à même de faire changer les comportements, de diffuser dans la société les comportements vertueux que nous appelons tous de nos voeux mais sans savoir comment procéder.
Le système de permis de polluer a montré toutes ses limites et son incohérence lorsque la crise, en ralentissant l'économie, fait baisser le coût de ces permis, incitant à polluer davantage. Inversement, avec la reforestation pour compenser la pollution, nous passons du « crédit carbone » au « carbone solidaire ». Et je ne connais pas de meilleur panneau solaire que la feuille : avec la photosynthèse, avec le stockage de CO2, l'arbre est de très loin la meilleure réponse à la pollution, tout en apportant des ressources aux pays du sud, pourquoi ne pas en tenir compte ?
Enfin, la labellisation présente les meilleures garanties pour le suivi des fonds, pour le transfert des compétences, pour l'évaluation et la comparaison des projets, pour leur suivi dans le temps et encore pour la vigilance envers l'utilisation des ressources.
Nous avons commencé dans cette voie avec de nombreuses entreprises et collectivités. Le syndicat des eaux d'Ile-de-France (Sedif) s'est engagé sur la voie du carbone neutre : au-delà de son programme d'économies d'énergie, il prévoit de planter six millions d'arbres en douze ans, par exemple au Sénégal, au Costa Rica, au Pérou ou à Madagascar. Avec ce type de coopération, nous démontrons qu'il est tout à fait possible, par des actions concrètes, de répondre au défi climatique et d'inoculer dans la société les changements de comportements qui sont la clé de la réussite.