Monsieur le sénateur, l’expression « déserts médicaux » recouvre désormais des situations très diverses. Elle renvoie aussi bien à des territoires isolés, où les médecins qui sont partis en retraite ou s’apprêtent à le faire peinent à trouver un remplaçant, ou à des territoires urbains, en situation difficile ou non, dans lesquels l’accès à un spécialiste, notamment, prend beaucoup de temps et se heurte à des obstacles financiers.
Je crois qu’il est important de rappeler que nous devons organiser notre système de santé de manière à pouvoir lutter contre les inégalités financières, sociales et territoriales pour l’accès aux soins. La dimension financière est trop souvent oubliée lorsque l’on évoque les déserts médicaux et je vous remercie de l’avoir rappelée.
Nous avons souhaité mettre un coup d’arrêt à ces dérives qui avaient pris de l’ampleur au cours des dernières années avec la multiplication des déremboursements et des franchises, et l’augmentation des dépassements d’honoraires. La loi de financement de la sécurité sociale pour 2013 ne comporte donc aucun déremboursement ni aucune franchise nouvelle. Nous ne faisons pas peser l’effort sur nos concitoyens.
Sur les dépassements d’honoraires, vous l’avez souligné, le Gouvernement s’est engagé fortement et la signature de l’avenant n° 8 à la convention médicale constitue un progrès décisif. Je suivrai son application avec détermination dans chacun de nos départements.
Pour ce qui est de la dimension géographique des déserts médicaux, nous devons nous mobiliser, parce que les décisions prises dans le passé ont été éparses et n’ont pas été portées dans les territoires par les acteurs locaux, alors même que les élus sont, eux, fortement impliqués. Je veux d’ailleurs souligner leur volonté et leur engagement.
Ce n’est donc pas par une seule mesure que nous parviendrons à lutter contre les déserts médicaux, phénomène dont les causes sont multiples. C’est la raison pour laquelle le pacte « territoire-santé » que j’ai annoncé contient toute une série de dispositifs qui concernent à la fois les conditions d’études des futurs médecins, les conditions de réalisation de stages et les conditions d’accompagnement des jeunes professionnels lorsqu’ils vont dans des territoires souffrant d’un manque de médecins.
Mais on peut y trouver aussi des dispositifs en direction de secteurs géographiques qui ne sont pas nécessairement isolés. Ils s’appuient sur les centres hospitalo-universitaires et les hôpitaux de proximité et sur la volonté de favoriser les délégations de tâches.
Vous avez évoqué l’ophtalmologie. C’est en mettant en place de nouvelles organisations du travail entre les médecins et d’autres professionnels de santé que nous parviendrons à réduire à la fois les temps d’accès aux consultations comme leur coût.
Dans ce domaine, nous devons aussi nous appuyer sur les possibilités offertes par les nouvelles technologies. La télémédecine, en particulier, doit permettre de faciliter l’accès à des consultations de spécialistes, y compris dans des territoires non isolés. Nous ne parviendrons donc à avancer que grâce à un ensemble de mesures.
C’est dans ce sens que le Gouvernement travaille. À cet effet, j’ai mobilisé l’ensemble des ARS, car je crois que c’est par la mobilisation locale, sur le terrain, que nous arriverons collectivement à relever ce défi posé par les déserts médicaux.