Je présente devant vous ma candidature au poste de directeur général de l'Eprus. Agé de cinquante et un ans, j'ai mené une carrière assez diversifiée avec pour un fil conducteur le service public. Vétérinaire de formation initiale, j'ai tout d'abord été chargé de l'inspection des produits carnés au marché d'intérêt national de Rungis. Je suivais parallèlement les cours de l'institut d'administration des entreprises de Paris. Diplôme en poche, j'ai été missionné par le ministère de la coopération pour exercer pendant trois ans les fonctions de directeur administratif et financier d'une société d'élevage à Dakar à laquelle le gouvernement français apportait des subsides. A mon retour j'ai eu la responsabilité, en Dordogne, de la lutte contre les grandes maladies animales contagieuses.
C'est là, en côtoyant préfet et sous-préfets, qu'est né mon désir d'intégrer le corps préfectoral, ce qui m'a conduit, après l'Ecole nationale d'administration, à des fonctions d'administrateur civil du ministère de l'intérieur. J'ai alors exercé différentes fonctions classiques de sous-préfet : directeur de cabinet du préfet du Cher, sous-préfet de l'arrondissement de Gourdon dans le Lot, puis secrétaire général de la préfecture de Saint-Lô dans la Manche.
En 2007, j'ai changé d'activité en devenant sous-directeur de l'éducation routière à la délégation ministérielle à la sécurité et à la circulation routières. Cette administration est en charge du permis de conduire, ce qui inclut la gestion de 1 300 inspecteurs sur tout le territoire.
Depuis huit mois, en qualité de chef de cabinet de la ministre des affaires sociales et de la santé, j'ai participé à l'installation et aux débuts du cabinet de Mme Marisol Touraine. Très récemment, la ministre m'a proposé de prendre la direction générale de l'Eprus.
Jeune opérateur de l'Etat, créé en 2007, l'Eprus intervient essentiellement en matière de logistique. Il ne gère donc pas les menaces sanitaires. C'est un outil de préparation et de réponse rapide aux crises, en France ou à l'étranger. Sa première mission consiste à acquérir, gérer et distribuer un stock de médicaments pour faire face à la fois aux risques nucléaire, chimique, biologique ou radiologique, aux grandes pandémies comme la grippe aviaire et aux grandes catastrophes naturelles. Ces produits peuvent aussi être utilisés dans le cadre des plans grand froid. Sa seconde mission est la mise en place et la gestion d'une réserve sanitaire, composée aujourd'hui de 6 000 volontaires, actifs, retraités ou étudiants, souvent issus du monde médical. Ils prennent un engagement vis-à-vis de l'Eprus et peuvent ainsi être mobilisés au pied levé pour des missions en France ou à l'étranger.
Les fonctions de directeur général de l'Eprus me semblent intéressantes car elles portent sur une matière que j'aime et correspondent aux expériences que j'ai acquises tout au long de mon parcours professionnel. En tant que vétérinaire, j'ai établi des plans de lutte contre des maladies contagieuses des animaux. Puis, en qualité de sous-préfet, j'ai géré un certain nombre de crises comme la disparition des sept spéléologues dans le Lot pendant dix jours ou, dans la Manche, des épisodes neigeux bloquant des nuits entières des dizaines voire des centaines d'automobilistes sur l'autoroute A 13. Dans ce département, j'ai aussi réalisé de nombreux exercices nucléaires. J'ai ainsi acquis une culture de la gestion de crise et une expérience des opérations de terrain.
De par mes fonctions au Sénégal ou comme secrétaire général de préfecture, j'ai aussi été un gestionnaire public. Je possède une bonne connaissance des ministères puisque j'ai travaillé aux ministères de l'agriculture, de la coopération, de l'intérieur, des transports et enfin des affaires sociales. Au sein de ce dernier, j'ai eu, au cours des derniers mois, l'occasion de rencontrer les différents acteurs de la santé. Je crois disposer d'un certain nombre d'atouts pour accéder à la direction de l'Eprus... et d'une appétence forte pour la matière à traiter !
Mon intérêt pour l'Eprus tient aussi au fait qu'il s'agit d'une jeune structure. Sa mise en place depuis 2007 a certes été un peu perturbée par la grippe aviaire en 2009 mais ce fut aussi l'occasion d'accélérer la définition des procédures et de tirer les enseignements de la pratique.
Je mettrai mes pas dans ceux de mes prédécesseurs, qui se sont attachés à la structuration interne, à la définition de procédures d'acquisition et de renouvellement des stocks, à la constitution de la réserve sanitaire, à la définition d'une doctrine d'emploi : quelles missions leur confie-t-on, où, dans quelles conditions ?
Je souhaiterais à présent faire porter l'effort sur les relations avec les autres acteurs tels que le service de santé des armées, la sécurité civile et les services d'urgence des hôpitaux. L'Eprus, petite structure de 35 personnes, est loin d'être le seul intervenant ; mais dans la mesure où il n'a pas d'étiquette particulière, il pourrait jouer un rôle de chef d'orchestre, notamment à l'étranger. Tous les intervenants entretiennent déjà des relations mais il me semble que des synergies plus consistantes pourraient être trouvées en matière d'acquisition des médicaments, d'action des volontaires sur le terrain - et de formation, car si chacun a son programme, il y aurait néanmoins des rapprochements intéressants à envisager. Le Parlement portera sans doute un regard vigilant sur ces sujets, avec le souci du bon emploi des deniers publics.