J'ai 49 ans et je suis, depuis vingt ans, chef d'entreprise. Je suis entré chez France Télécom en 1993 pour y créer la division multimédia qui regroupait les annuaires, le minitel, la télévision par câble et par satellite et l'Internet, que j'avais découvert aux Etats-Unis, et que nous avons lancé sous la marque Wanadoo. J'ai transformé ensuite cette division multimédia en une société qui s'est appelée Wanadoo, que j'ai cotée le 18 juillet 2000 à hauteur de 20 milliards d'euros et qui a ensuite connu une expansion internationale importante. J'étais alors numéro deux de France Télécom et PDG de Wanadoo. En 2003, j'ai quitté France Télécom pour rejoindre Cap Gemini et j'ai vécu une aventure entrepreneuriale formidable, puisque la société est passée de 50 000 salariés à l'époque à 135 000 aujourd'hui, pour une grande partie en Europe, aux Etats-Unis, en Inde et au Brésil. Durant toutes ces années, j'ai été numéro deux de Cap Gemini.
Le 17 octobre 2012, il m'a été proposé de participer à la préfiguration de la BPI, puis d'en prendre la direction générale, si le Parlement l'acceptait. Ce projet est exaltant, car il s'agit de construire une entreprise à partir de trois entités de grandes qualité : OSEO, le fonds stratégique d'investissement (FSI) et CDC Entreprises.
Le 17 octobre, nous ne disposions que d'un embryon de pacte d'actionnaires entre l'Etat et la Caisse des dépôts et d'un projet de loi relativement bref. Ces derniers mois ont été mis à profit pour passer de cet assemblage administratif à une pure structure d'entreprise qui respectera à la fois les méthodes du privé et les missions d'intérêt général - le meilleur du privé et le meilleur du public -, afin de garantir le succès de ce projet. La BPI sera gérée de la manière la plus contemporaine qui soit dans le monde de l'entreprise. Elle aura deux filiales : une filiale bancaire et une filiale fonds propres. Dans cette dernière, nous procéderons à la fusion de l'ensemble des entités éparses qui composent le périmètre d'aujourd'hui, c'est-à-dire CDC Entreprises, FSI et quelques autres sociétés de gestions apportées par la Caisse des dépôts, comme Innovation Capital. Nous disposerons ainsi, d'une seule société en fonds propres. Jusqu'à présent, ces équipes ont rarement travaillé ensemble et se sont le plus souvent opposées. A nous de les faire désormais travailler ensemble.
Du côté de la banque, la BPI disposera de 90 % du capital d'OSEO puisque ce dernier gardera ses actionnaires minoritaires que sont les banques mutualistes et privées ainsi que quelques petits actionnaires minoritaires comme l'Agence française du développement (AFD) ou le conseil régional de Bretagne.
J'en viens à la structure opérationnelle et managériale : la BPI sera dirigée par un directeur général et par un comité de direction, composé des patrons des six métiers de la banque, soit la garantie, le financement, l'innovation, les fonds de fonds, les fonds directs PME, les fonds directs grandes entreprises. Il faudra ajouter à cet organigramme un directeur financier, un directeur de la communication, un directeur de la stratégie et un inspecteur général pour le contrôle des risques. Nous sommes sur le point d'aboutir : si ma candidature est acceptée, nous pourrons accélérer la mise en place de la BPI. Cette banque ne sera définitivement opérationnelle et incorporée que lorsque l'opération de fusion-acquisition sera réalisée, ce qui sera pas fait avant mai car nous devons attendre la clôture des comptes de la Caisse des dépôts et d'OSEO. Parallèlement, nous dialoguons avec la Commission européenne pour obtenir son accord au titre des aides d'Etat. La Commission ne veut en effet pas que la création de la BPI soit l'occasion pour la puissance publique française de réinjecter des dispositifs d'aide d'Etat qui n'auraient pas été validés. Le dialogue a donc commencé et, à ce stade, la Commission européenne ne nous demande pas de notifier, ce qui est plutôt une bonne nouvelle, car la procédure de notification est lourde et chronophage. Normalement, nous devrions être « estampillés » par Bruxelles en mai. Nous devrions également avoir obtenu d'ici là l'accord de l'Autorité de la concurrence française. Enfin, nous devrons informer les représentants des personnels. Il reste donc beaucoup à faire pour que les statuts de la BPI soient définitivement actés. En revanche, la traduction opérationnelle de cette banque commence, puisque les trois entités actuelles se projettent déjà : OSEO a lancé le 3 janvier une facilité de trésorerie de 500 millions d'euros pour les PME. La dotation pour la financer s'élève à 50 millions d'euros. Ce produit sera proposé par BPI Financement et nous devrons veiller à ce que les chefs d'entreprises en connaissent l'existence. Même remarque pour le refinancement du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) : dès que l'instruction fiscale du ministère des finances sera publiée, OSEO pourra refinancer les CICE de nos clients des très petites entreprises (TPE). Les chaînes informatiques étant en place et le réseau régional d'OSEO formé, il n'y a plus qu'à obtenir cette instruction fiscale qui permettra de céder aisément des créances fiscales.