Intervention de Maurice Leroy

Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques — Réunion du 12 décembre 2012 : 1ère réunion
Audition de la commission nationale d'évaluation des recherches et études relatives à la gestion des matières et des déchets radioactifs cne

Maurice Leroy, vice-président de la CNE :

La transmutation implique la mise en oeuvre d'ADS ou de réacteurs à neutrons rapides (RNR). Comme l'a indiqué le président Duplessy, nous avons fait l'état des recherches sur les ADS au SKC-CEN, en Belgique, et aussi à l'occasion d'une audition à Paris, lors de laquelle les chercheurs européens sont venus présenter les résultats de leurs travaux. Le projet MYRRHA, qui vise à mettre en place un prototype d'ADS, s'inscrit dans une politique de gestion des déchets radioactifs prévoyant, après l'étape de séparation destinée à isoler les actinides, de dédier les ADS à leur transmutation. Les actinides sont transmutés en raison de leur longue durée de vie et de leur effet thermique très important. Le CEA et le CNRS participent à ce projet qui devrait aboutir, d'ici 2040, à des résultats intéressants, notamment concernant un projet de réacteur à refroidissement au plomb-bismuth.

Pour les RNR, le projet Astrid, qui associe le CEA, EDF et AREVA, vise à développer un prototype de réacteur industriel. Ce développement fait suite aux études sur Phénix et Superphénix qui ont démontré la possibilité de transmuter les actinides et de recycler le plutonium en utilisant pour combustible de l'uranium appauvri, dont nous avons une réserve de 260 000 tonnes en France. Pour la sûreté, ce nouveau réacteur doit bien entendu pouvoir se comparer aux réacteurs à eau pressurisée de troisième génération. Sur ce plan, les innovations présentées portent sur la faible réactivité du coeur (le sodium présentant, au contraire de l'eau pressurisée, une très grande inertie), une configuration du coeur permettant de réduire les risques de fusion, la réduction des risques de feux de sodium consécutifs au contact avec l'eau et la facilitation de l'inspection en service. La mise en oeuvre d'Astrid permettrait de poursuivre l'étude de la transmutation des actinides, ainsi que les recherches sur les matériaux, mais aussi, au contraire des ADS, de produire de l'énergie.

À ce sujet, si l'annonce de la mise en service d'un RNR par la Chine apparaît prématurée - celui-ci, issu de la technologie russe, n'ayant fonctionné que durant 24 heures -, elle signale le risque d'une perte, à terme, de notre avance dans ce domaine.

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