La question de l'évaluation est effectivement au coeur du sujet. Le système français est trop axé sur un principe de classement, qui pèse sur les élèves et ne leur permet pas de progresser. Il faut cependant trouver un juste milieu entre le classement et l'absence totale d'évaluation. Je ne pense pas qu'il faille pousser le raisonnement au point de ne prendre en compte que la progression de l'élève et son seul niveau individuel. Il ne faut pas oublier, à terme, les enjeux d'orientation et de sélection. Il faut plutôt privilégier les exercices collectifs et l'accompagnement, de manière à faire vivre l'évaluation de manière positive à l'élève.
Lorsque j'ai évoqué la question du bâti scolaire, j'entendais plutôt privilégier la mise en place d'une base de ressources dans laquelle les collectivités territoriales pourraient puiser. Je vous renvoie par exemple à l'expérience d'un lycée de Copenhague avec la construction d'un bâtiment en « open-space » entièrement en verre.
Concernant l'autonomie des établissements, je ne pense pas que l'on puisse considérer cette question de manière binaire : soit une absence d'autonomie dans un système totalement uniforme, soit un système totalement libéral dans lequel les établissements seraient autonomes à la fois en termes de budget, de recrutement des enseignants, de pédagogie et de sélection des élèves. Il peut, en réalité, exister plusieurs degrés d'autonomie. L'on pourrait par exemple imaginer la mise en place d'une carte scolaire très rigide mais une autonomie de recrutement du personnel. Dans un tel système, l'établissement gèrerait librement ses équipes pédagogiques, en évitant la concurrence possible avec les autres établissements grâce à l'affectation stricte des élèves du secteur.
Quant à l'attribution des moyens, je ne souhaitais pas suggérer que l'on supprime les financements aux établissements qui présentent de mauvais résultats. Au contraire, je pense plutôt qu'il faut accompagner les établissements en difficulté.
En réponse à Mme Gonthier-Maurin, je reconnais que la question de la place des adultes et de leur bien-être est une question centrale. Je vous renvoie au rapport du CAS remis en septembre 2012 à la ministre de la famille, intitulé « Aider les parents à être parents ». Vous y trouverez une description des initiatives étrangères ainsi que des pistes de réflexion pour impliquer davantage les parents dans le suivi et l'accompagnement du cursus scolaire de leurs enfants.
S'agissant de l'autonomie des établissements et la décentralisation, il faut rappeler qu'aujourd'hui, nous faisons le grand écart entre un système éducatif affirmant son caractère national et, dans les faits, un fonctionnement assez décentralisé et différencié des établissements. Au moment où l'on évoque un nouveau mouvement de décentralisation, il ne me semble pas inutile de se poser la question de la place de l'établissement scolaire au sein de ce mouvement.