Intervention de Maryvonne Blondin

Réunion du 5 février 2013 à 9h30
Questions orales — Enseignement du latin et du grec

Photo de Maryvonne BlondinMaryvonne Blondin :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, moins de postes, la fermeture de cursus à l’université, une partie seulement des postes ouverts au CAPES de lettres classiques pourvus, une diminution des élèves et étudiants en latin et en grec : telle est la situation périlleuse dans laquelle se trouve, depuis plusieurs années déjà, la transmission des langues et cultures de l’Antiquité.

Les professeurs de lettres classiques s’inquiètent donc légitimement. En 2012, environ 20 % d’une même classe d’âge de collégiens a fréquenté les enseignements de latin-grec. Au lycée, où ces matières ne sont plus qu’en option, cette proportion chute à moins de 10 %. Un tel déficit d’élèves crée une situation critique, alors que ces disciplines devraient faire partie du corpus des connaissances des lycéens. Elles permettent, je le rappelle, la transmission des langues, non seulement comme instrument d’expression, mais aussi comme moyen d’accéder à une culture.

Le tassement du nombre d’élèves latinistes et hellénistes est dû non seulement à une demande familiale et sociale déclinante, mais également à l’image d’élitisme, voire d’inutilité qui a été accolée à ces matières depuis quelques années.

De surcroît, au nom des contraintes budgétaires, la politique nationale d’économies de fonctionnement, voulue par la majorité précédente, n’a fait qu’accentuer cette tendance.

Au collège, les dotations horaires se sont considérablement réduites, entraînant des suppressions de postes ; les effectifs de latinistes des classes de cinquième ont été limités ; les élèves et les horaires en quatrième et troisième ont été astucieusement regroupés à des heures difficiles…

Au lycée, la réforme Chatel de la classe de seconde provoque une grave érosion de ces effectifs, avec la mise en place des enseignements dits « d’exploration » et de créneaux horaires dissuasifs.

Enseignements d’excellence, mais non discriminants, le latin et le grec recèlent bien des vertus. Ils permettent ainsi à des enfants qui sont parmi les plus en difficulté, notamment en français, de travailler dans de bonnes conditions, en groupes plus restreints, et de reprendre confiance en eux. Ils sont fondamentaux, non seulement pour la maîtrise des langues qui en découle, mais également pour l’acquisition d’une culture humaniste. En somme, ils s’intègrent parfaitement au socle commun des connaissances et des compétences.

Si les sections littéraires ont, certes, été « balayées » par l’hégémonie du scientifique, le bac S étant devenu un véritable sésame, on constate un revirement, timide mais prometteur.

Ainsi, au-delà des traditionnelles filières, telles que les classes préparatoires aux concours de l’enseignement, les pourfendeurs les plus utilitaristes de ces langues de l’Antiquité sont contredits, car même les plus grandes écoles de commerce et de management proposent aujourd’hui une option de langue ancienne à l’écrit, voire à l’oral, et recrutent des jeunes ayant suivi cette formation, censée leur apporter faculté d’analyse, de synthèse et d’écriture. C’est dire toute la valeur des compétences mises en œuvre !

La qualité de la formation des élèves et l’égalité des chances étant tributaires de la volonté politique, je vous remercie, monsieur le ministre, de bien vouloir nous apporter des précisions sur l’avenir de l’enseignement du latin et du grec, ainsi que sur les débouchés possibles de ces études.

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