Madame Blondin, je suis très frappé par la conviction qui émane de vos propos.
Vous avez parfaitement réussi à montrer toutes les richesses de l’enseignement des langues anciennes, lequel permet à la fois de mieux structurer sa pensée, de prendre connaissance de notre tradition, d’apprendre à penser dans le temps long, mais aussi, vous y avez insisté, de mieux maîtriser sa propre langue. C’est d’autant plus important que, comme vous le savez sans doute, parmi les difficultés que rencontre notre jeunesse, il y a, tout particulièrement, ce défaut de maîtrise de la langue.
Les tests que nous avons réalisés avant Noël, je pense aux évaluations PIRLS, montrent précisément que la capacité à prendre de l’information dans des textes, à maîtriser la langue, et même à avoir une certaine confiance en soi pour le faire sont en train de décliner. À cet égard, les garçons, dont la situation n’était déjà pas bonne, sont malheureusement désormais rejoints par les filles.
Nous avons donc besoin de maintenir cet enseignement.
Vous l’avez évoqué, il y a des éléments négatifs sur le long terme, en particulier cette très grande déperdition du collège au lycée. Néanmoins, nous pouvons être plus optimistes, puisque, depuis deux ans, cette érosion a cessé. Par ailleurs, comme vous le savez, nous avons ouvert nettement plus de postes au concours du CAPES de lettres classiques. J’ai souhaité, s’agissant des emplois d’avenir professeur, que des instructions soient données pour qu’on aide des jeunes étudiant dans ces disciplines à se destiner au métier de professeur.
Pour encourager du mieux possible l’enseignement des lettres classiques, il convient de traiter deux problèmes en profondeur.
Tout d’abord, il y a, dans ce pays, un problème de diversité des excellences. Nous sommes en train de tarir nos élites, car nous sommes incapables de reconnaître la diversité des compétences et des excellences dont nous avons besoin. C’est vrai dans le domaine technologique ou professionnel, mais aussi pour ce qui concerne la culture humaniste.
Il s’agit d’une erreur, d’où découle le second problème : nous aurons, ainsi que je l’ai annoncé hier aux organisations syndicales, après m’être exprimé dimanche devant les lycéens, à reprendre la réforme du lycée, car non seulement elle n’a pas porté ses fruits, mais elle a entraîné un certain nombre d’inconvénients. Ainsi, il faut savoir qu’il y a beaucoup plus d’élèves qui font du latin ou du grec dans la filière scientifique – ils sont 65 % – que dans la filière littéraire – ils sont seulement 16 % –, laquelle est tout à fait dévalorisée par rapport à ce qu’elle devrait être.
Le rééquilibrage des filières, la diversité des excellences, la possibilité de se nourrir d’une culture classique doivent rester pour nous des horizons d’action. Ils sont inscrits à l’agenda de la refondation, même si ce n’est pas dans un temps court.
Vous pouvez compter sur ma totale détermination.