Vous n'avez en tout cas pas bénéficié des efforts publics autant que d'autres acteurs.
Vous avez évoqué la crise des vocations, liée à la faiblesse de la rémunération mensuelle des commerçants de presse. La crise est plus générale : la presse quotidienne a perdu 20 % de ses ventes. En 2012, on parle d'une chute de 8 %. Ne minorons pas l'impact de la révolution numérique, même si, j'en conviens, ce n'est pas le seul facteur explicatif : mais indiscutablement, Internet renforce le besoin de proximité, et la possibilité de lire la presse sur tablette au petit-déjeuner prive la presse papier de tout intérêt si elle n'est pas disponible au point de vente le plus immédiat.
Ce mardi, une partie des kiosquiers parisiens était en grève, à l'appel du syndicat national de la librairie et de la presse, pour protester contre les interruptions de livraisons à répétition qui vous affectent depuis le début du conflit Presstalis. Vous-même avez dénoncé dans le Figaro du 7 février dernier une « prise d'otages » des marchands de journaux, avez adressé une lettre ouverte au syndicat général du livre et lancé une pétition sur votre site Internet. Considérez-vous que Presstalis et, plus précisément, le syndicat du livre nuisent à votre existence ? Ou voyez-vous là une responsabilité plus générale ?
Outre la vente au numéro, les pouvoirs publics encouragent la vente par postage et par portage, sur le fondement de la loi Bichet. La vente par portage est très prisée par les Français, et reçoit des aides publiques massives. Est-ce pour vous une autre source de nuisance ? Peut-on mettre en place un système de livraison indépendant de celui de Presstalis ?
Les aides à la modernisation des points de vente de presse - espace de vente, mobilier, informatique de gestion - accordées depuis 2004 et renforcées à l'issue des États généraux, sont passées de 2 millions d'euros en 2008 à 13,3 millions d'euros en 2009, tandis que le système était réformé pour être rendu plus incitatif. Depuis 2012, le système est censé prendre progressivement fin. L'enveloppe allouée en 2013 a été ramenée à 4 millions d'euros. Ces aides ont-elles permis une modernisation effective, et une diversification des activités ?
La rémunération des diffuseurs de presse s'est-elle améliorée après l'octroi des aides directes exceptionnelles en 2009 ? Appelez-vous de vos voeux le versement régulier d'une telle aide ? Qu'attendez-vous de la saisine annoncée de la Commission des normes et bonnes pratiques professionnelles par le conseil supérieur des messageries de presse en matière de rémunération des diffuseurs ? Quels espoirs placez-vous dans le groupe de travail confié à M. Roch-Olivier Maistre, mis en place au mois de janvier par la ministre de la culture et de la communication ? Quel bilan tirez-vous de la réforme de l'assortiment et du plafonnement mise en oeuvre en 2012 après l'intervention de l'autorité de régulation de la distribution de la presse ?
Notre discussion anticipe les travaux de préparation du budget de l'année prochaine, dans lesquels sera envisagée une remise à plat de tout le système des aides à la presse. Faut-il les orienter davantage vers les kiosques au détriment d'autres modes de diffusion ? Le problème se trouve-t-il ailleurs ?