Il n'y a pas eu de réorganisation majeure de la filière de distribution depuis des années. Le résultat en est une situation où l'attrition des volumes et l'importance des coûts fixes rendent artificiel le maintien d'une concurrence. Ce constat est partagé par l'Autorité de la concurrence. Il faut une structure commune de moyens, assortie d'une péréquation des coûts. Sur quelques prestations spécifiques, une concurrence est possible, mais, dans les faits, tout le système de la distribution est mutualisé, y compris les dépôts régionaux (le niveau 2) ainsi que le niveau 3, c'est-à-dire les kiosquiers.
Dans les dix prochaines années, les journaux papier continueront à être diffusés : un média ne tue pas l'autre. Sans doute y aura-t-il un arbitrage entre portage et postage. Les consultations sur Internet croîtront en parallèle car ce ne sont pas les mêmes publics, ni les mêmes usages. Sans doute, y aura-t-il un léger effet de substitution, en fonction des jours de la semaine et des habitudes de chacun. La diffusion physique devrait donc diminuer de 4 % ou 5 % par an, peut-être plus pour la vente au numéro et moins pour l'abonnement et le portage. Le système de distribution physique a donc de l'avenir, nous en sommes convaincus.
D'ailleurs, le modèle économique de diffusion par Internet n'est toujours pas au point, et celle-ci ne constitue que 10 % du chiffre d'affaires global des éditeurs. Les Français sont habitués à la gratuité sur Internet et il n'est pas facile de revenir dessus. Nous y parvenons petit à petit, grâce à des formules d'abonnement intelligentes, que complète la publicité. Il faut également mieux redistribuer la valeur entre les producteurs de contenus et les diffuseurs tels que Google ou Apple, que cela passe par des accords ou par une loi.
Les ventes au numéro resteront fortes, si nous parvenons à maintenir les points de vente. Le portage devrait se développer : il correspond à l'habitude d'être livrés à domicile que prennent les Français, et dont témoigne l'essor du commerce électronique. La livraison est faite très tôt : on se connecte avec l'information du monde dès le petit-déjeuner. Le système postal est très efficace, mais il livre après ce premier moment de rencontre avec l'actualité. La diffusion par portage a ainsi crû de 30 % en trois ans pour la presse quotidienne nationale.
Les réflexions en cours devraient se focaliser sur les aides à la diffusion - les aides à Presstalis, les aides au portage et les aides à la Poste - en les ciblant sur les canaux qui ont le plus d'avenir : la vente au numéro et le portage.