La loi Bichet était excellente pour le pluralisme de la presse et de la distribution. A l'époque, il y avait surtout des quotidiens, et quelques magazines d'information. Dans les années soixante-dix et quatre-vingt, le secteur de la presse a beaucoup évolué, avec le développement de publications féminines ou thématiques, dont l'objectif n'était plus d'informer : il s'agissait d'opérations commerciales. L'offre de « produit » a explosé, l'importance de la presse quotidienne a diminué, et le système de diffusion en a pâti. La liberté d'accès est exploitée par certains éditeurs qui font de la « cavalerie », lancent un titre et le mènent au dépôt de bilan puis recommencent avec un autre : j'ai à l'esprit le nom d'un de ceux-là, qui encombre les stands ainsi depuis trente ans...
La presse écrite est le seul média qu'il faut aller chercher : la télévision, la radio, Internet sont disponibles à domicile. Le portage s'est développé parce que la Poste n'a pas su répondre à l'urgence des quotidiens : reçus le lendemain ou le surlendemain, ils perdent tout leur intérêt. Les pouvoirs publics ont dépensé beaucoup en aides, hélas en manquant de continuité dans leur stratégie. Or ce stop and go a gravement nui à leur efficacité. Enfin, le système syndical prend tout le monde en otage, mais la presse quotidienne plus que les autres : un retard de deux heures est très préjudiciable aux quotidiens, guère aux mensuels. Enfin, la loi Bichet était encore adaptée à la situation il y a cinq ou dix ans, elle ne l'est plus aujourd'hui. Un « nettoyage » de la presse magazine s'impose. Pour cela, réorientons les aides publiques vers la presse d'information générale, qui exerce une mission de service public, en écartant les publications commerciales, quelque honorables soient-elles.