Les enquêtes administrative, vétérinaire et judiciaire se succèdent pour garantir une réponse ferme à la crise que nous traversons. Celle-ci ne doit en aucun cas se reproduire. Cela étant dit, comment réformer notre système ? Jeudi matin, nous recevons au ministère les professionnels, avec qui nous travaillerons à l'élaboration de mesures concrètes. Tout n'aboutira sans doute pas dans l'immédiat, mais nous définirons un cap à suivre et un cadre dans lequel progresser.
En premier lieu, nous devons renforcer les procédures d'autocontrôle : chaque entreprise doit en être dotée, non seulement sur ce qu'elle produit, mais aussi sur les relations qu'elle entretient avec ses fournisseurs. Deuxième élément : nous devons mieux protéger les entreprises. Des outils nouveaux devront être mis à leur disposition pour lutter contre les pratiques frauduleuses, à l'encontre desquelles les mailles du filet répressif sont aujourd'hui trop lâches. Enfin, l'information des consommateurs doit être améliorée. C'est là un problème européen, davantage que franco français. Dans ce domaine, nous voulons être la locomotive du changement en Europe : sur les mentions d'origine d'abord, qui ne sont obligatoires que pour les viandes fraîches. Les plats préparés se trouvent dans une sorte de zone d'ombre : nous comptons bien l'éclairer. Le problème n'est toutefois pas simple, car l'étiquette doit rester lisible pour les consommateurs. Sur les circuits ensuite, qui sont trop complexes. Il existe par exemple des traders non soumis aux mêmes obligations que les autres acteurs de la chaîne alimentaire. Stéphane Le Foll travaille actuellement à la définition d'un cadre plus exigeant d'exercice de cette profession.
Pour finir, je veux adresser un certain nombre de messages positifs : d'abord, cette crise n'est pas une crise sanitaire. Ce n'est pas non plus une crise de la traçabilité des aliments, au contraire : le système de traçabilité a parfaitement fonctionné. Il s'agit d'une crise fondée sur une suspicion de fraude. Nous y travaillons, en urgence et pour l'avenir. D'aucuns en profitent pour vanter les circuits courts. Admettons. Mais pas au détriment de la sécurité sanitaire et de la qualité alimentaire, essentielles pour tous, ni des industries agroalimentaires, indispensable à l'emploi dans nos territoires.