Intervention de Delphine Bataille

Réunion du 21 février 2013 à 10h00
Débat d'étape sur les travaux du conseil national du débat sur la transition énergétique

Photo de Delphine BatailleDelphine Bataille :

En effet, avec leurs automobiles de grosse cylindrée, leur électricité produite à hauteur de 56 % à partir d’énergies fossiles – lignite, houille, gaz – tirées pour l’essentiel du sous-sol allemand, la part des énergies renouvelables n’étant que de 16 %, nos voisins d’outre-Rhin ne peuvent se poser en modèle, comme certains le prétendent dans notre pays et comme cela a encore été dit ce matin.

L’effort le plus pertinent, pour réduire nos consommations, est sans doute de mieux isoler les bâtiments, logements et bureaux. Il devra s’étaler dans la durée, car nous avons pris beaucoup de retard dans ce domaine. Le bâtiment consomme près de la moitié de l’énergie dans notre pays et représente 80 % du gisement d’économies possibles.

L’amélioration de l’efficacité énergétique pourrait donc constituer un marché essentiel dans l’avenir, notamment pour l’industrie, et surtout une filière créatrice d’emplois. Sachant que l’on dénombrait 135 000 emplois directs liés à l’amélioration de l’efficacité énergétique dans le résidentiel ancien l’année dernière, nul doute que l’investissement dans ce secteur engendrera un bénéfice en termes d’emplois, compte tenu de l’objectif de rénover 500 000 logements.

Le débat sur la transition énergétique doit aussi permettre d’aborder la question de la place, dans notre production d’énergie, de la filière nucléaire, à propos de laquelle votre collègue le ministre du redressement productif affirmait hier, dans cet hémicycle, à l’occasion du débat sur l’avenir de l’industrie, qu’elle est une filière d’avenir.

Le Président de la République a fixé un objectif de réduction à 50 %, d’ici à 2025, de la part de l’énergie nucléaire dans la production d’électricité. Il semble aujourd’hui hors d’atteinte. En effet, si la recherche et les incitations au développement des énergies renouvelables sont à développer, celles-ci ne sont, pour l’instant, pas en mesure de remplacer en totalité nos sources d’énergie actuelles.

L’Allemagne en a fait l’expérience, car, malgré ses efforts, les énergies renouvelables n’occupent qu’un rang modeste, inférieur d’ailleurs à celui du nucléaire. Le recours à ces énergies contribue par ailleurs à renchérir le coût de l’électricité domestique.

En outre, la décision d’arrêter des centrales nucléaires doit relever uniquement d’une décision technique de l’Autorité de sûreté nucléaire, et non d’une décision politique qui pourrait être prise sous la pression de manifestants allemands ou suisses, ou encore d’élus alsaciens.

La centrale de Fessenheim, dont l’ASN a autorisé la prolongation de l’activité, fournit 1 800 mégawattheures. On peut difficilement envisager de retirer ses deux tranches du réseau, quand on sait les tensions, confirmées par RTE, que connaît notre approvisionnement électrique en cette période hivernale.

J’ajoute qu’arrêter des installations de valeur, en état de fonctionnement, serait un gaspillage national au moment où, dans tous les domaines, on veut réduire les dépenses.

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