Mes chers collègues, la France, et plus généralement l’Europe, connaissent une crise sévère. Parler de développement peut, dans une certaine mesure, sembler décalé, voire difficile à comprendre pour nos concitoyens. Pourquoi en effet faudrait-il s’occuper des difficultés des autres, quand on est soi-même confronté à des contraintes économiques, budgétaires et sociales ? Cette contrainte nécessite des arguments rapides et tangibles face à une opinion forcément inquiète.
Le premier défi de l’aide au développement est donc un défi de légitimité, mais je sais que nous sommes tous ici convaincus de l’utilité de cet effort de solidarité.
L’aide au développement ne répond pas au même calendrier que les agendas nationaux. Ses retombées ne se font sentir que dans la durée – et encore, de manière inégale. La démonstration de l’efficacité de l’aide est donc un élément central de cette politique.
L’aide au développement est un travail de longue haleine, complexe et parfois ingrat, car cette aide est une politique qui trouve ses origines précisément dans ce qui ne fonctionne pas à l’étranger. Par ailleurs, l’action des États doit aussi tenir compte d’une particularité propre à l’aide publique au développement : c’est l’une des rares politiques publiques qui n’est pas soumise aux pressions de tel ou tel groupe.
Je sais quel est l’engagement des ONG et je le salue, de même que je connais les recommandations des acteurs de terrain. N’oublions pas que l’aide publique au développement continue néanmoins de bénéficier d’une sympathie réelle auprès de nos concitoyens, comme en témoignent les enquêtes d’opinion effectuées annuellement par l’Agence française de développement.
De plus, en cette période de disette des finances publiques, la tentation peut naître de voir l’aide publique au développement servir de variable d’ajustement dans les choix politiques et budgétaires des grands États donateurs.
Soyons honnêtes, nous savons que ces coups de rabots ne pousseraient pas les foules à descendre dans la rue.