Je voudrais tout d'abord apporter une précision sur le rôle joué par les missions laïques. Nous sommes, en règle générale, un simple acteur complémentaire de l'AEFE, lui-même opérateur public placé sous la tutelle du ministère des affaires étrangères. La Mission ne joue qu'exceptionnellement le rôle d'opérateur du ministère des affaires étrangères, comme c'est le cas, par exemple, en Afghanistan, où, à la demande du Quai d'Orsay, a été lancé un projet de réhabilitation des deux grands lycées de Kaboul. La Mission laïque peut également jouer le rôle d'opérateur pour des entreprises. Ainsi, le groupe Total a demandé à la Mission de créer des établissements scolaires en Angola à destination des Angolais, en vue d'améliorer l'image de l'entreprise dans ce pays, alors même que ces établissements n'ont pas vocation à être homologués.
La demande des familles qui scolarisent leurs enfants dans nos établissements obéit à de multiples considérations. Dans le cas du Maroc, la motivation des familles tient à la tradition francophone du pays et à la piètre qualité de l'enseignement public marocain. La scolarisation dans les établissements français est donc à la fois liée aux perspectives d'études en France et à une meilleure qualité d'enseignement. En Asie centrale, en Russie, ou même dans les pays du Golfe, le choix de la scolarisation dans des établissements français n'est pas lié à la francophonie ou la francophilie, mais simplement au modèle d'éducation « à la française ».
Pour autant, il ne faut pas oublier que notre action s'inscrit dans un environnement extrêmement concurrentiel, notamment vis-à-vis du modèle anglais. De nouveaux acteurs apparaissent, comme la Turquie, dont la diplomatie néo-ottomane dynamique se répand au Maghreb et au Machrek. Il nous appartient donc d'être extrêmement vigilants, non seulement à la qualité de l'enseignement, mais également à celle de nos équipements, ce dernier point pouvant être considéré comme une faiblesse de l'enseignement français à l'étranger.
Il appartient au ministère des affaires étrangères, qui assure le pilotage du réseau d'enseignement français à l'étranger en relation avec l'AEFE, de définir les priorités et donc de répartir les moyens, en faisant parfois face aux résistances sur place.
Quant aux technologies liées à Internet et au numérique, il est vrai qu'un effort considérable reste à faire dans les écoles de la Mission laïque comme dans celles de l'AEFE.
Concernant le dialogue avec les établissements situés sur le territoire français évoqué par Mme Claudine Lepage, nous venons de rencontrer, avec le recteur de Paris, des chefs d'établissements parisiens, afin de développer des « appariements », notamment au Liban. Il s'agit, en pratique, de partenariats entre des établissements étrangers et des établissements parisiens prestigieux.
Enfin, s'agissant des interrogations légitimes sur la complexité du réseau français et la pluralité de ses acteurs, il convient rappeler à titre d'exemple que l'installation d'établissements français en Chine s'est faite grâce à la présence de l'Alliance française. On peut également citer la création récente dans le Sahara occidental, à Dakhla et Laayoun, d'établissements de la Mission laïque : dans un contexte de conflit mais à la demande de familles franco-marocaines, nous nous sommes installés avec l'autorisation explicite d'Alain Juppé, alors ministre des affaires étrangères. Cette installation n'a été possible qu'en raison du caractère associatif de la Mission laïque, détachée de toute institution étatique. La complémentarité entre opérateurs est donc utile au développement de l'enseignement français à l'étranger.