Intervention de Marie Grangeon-Mazat

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 27 février 2013 : 1ère réunion
Enseignement français à l'étranger — Table ronde

Marie Grangeon-Mazat, chargée des relations institutionnelles de la Fondation Alliance française :

Je tenais tout d'abord à remercier les sénatrices et sénateurs, qui, lors de leurs déplacements à l'étranger, ont toujours à coeur de rencontrer les alliances françaises.

Je partage les propos tenus par les autres intervenants sur la coopération, à Paris comme sur le terrain, et la complémentarité de nos différentes structures en matière d'enseignement du français à l'étranger. L'enseignement du français constitue l'objectif central des alliances françaises, qui, contrairement à d'autres acteurs, n'ont pas vocation à organiser des événements culturels. A la différence de l'Institut français, opérateur public, cette mission est ici fondée sur un système privé associatif. Chaque centre dispose ainsi d'une indépendance en matière de choix d'enseignement, la fondation assurant la qualité générale des cours prodigués.

La demande d'apprentissage de la langue française varie localement, en fonction de multiples facteurs, ce qui conduit l'Alliance à une adaptation permanente en termes d'ouverture et de fermeture de centres, mais aussi d'enseignements dispensés. Par exemple, une classe pour enfants à partir de 18 mois a été ouverte récemment par l'Alliance de Denver. Là-bas, comme dans d'autres régions du monde, les classes passerelles de l'Alliance, permettant à des enfants non francophones d'apprendre le français en vue de suivre une scolarité dans un établissement de l'AEFE, sont particulièrement prisées. Autre exemple : les créations de centres sont en constante augmentation à Madagascar - on y compte désormais 35 alliances, qui accueillent 15 000 étudiants - en raison de la dégradation continue de la qualité de l'enseignement public malgache, qui ne parvient plus à répondre aux demandes en matière d'apprentissage du français. A chaque pays correspondent donc des besoins, auxquels il convient de répondre.

En réponse à la remarque formulée par M. André Gattolin, j'indiquerais que si l'alliance française de Zagreb ne semble pas avoir noué des partenariats dynamiques avec des universités françaises, elle n'est pas représentative de l'activité de l'ensemble de nos centres. L'Alliance française est particulièrement attentive, en effet, au développement de ce type d'actions. Ainsi, s'agissant des Caraïbes anglophones et hispanophones, sur le territoire desquelles l'Institut français n'est pas présent, nous cherchons à développer les partenariats avec les territoires français les plus proches : les alliances françaises y intègrent à cet effet des agents des collectivités territoriales de Guadeloupe et de Martinique.

Traditionnellement, les Amériques, du Nord au Sud, constituent la terre d'élection des alliances françaises. Leur activité continue de s'y développer avec une croissance, en 2011, de 3,36 % en Amérique du Sud, de 7 % en Amérique du Nord et de 11 % aux Caraïbes. En Europe et en Afrique, les rôles sont plus partagés avec l'Institut français, ce dernier étant essentiellement présent dans les capitales et les alliances dans les villes de moindre importance, ce qui évite de coûteux et inutiles doublons. D'autres territoires, où les alliances ne représentent pas le premier opérateur, voient également l'activité de celles-ci se développer, notamment en Chine, en Inde, en Russie et en Océanie (+ 1 % en 2011). Au total, on estime que la demande d'enseignement du français croît chaque année de 2 à 4 % depuis dix ans.

S'agissant du financement, je confirmerais la diminution de 7 % des crédits publics affectés au réseau pour l'année 2013, ce qui conduit les alliances à renforcer leur autofinancement, dont je rappellerais toutefois qu'il constituait déjà plus de 90 % de leurs ressources hors détachement de personnels, et la fondation à diminuer le nombre de directeurs détachés (243 aujourd'hui auxquels s'ajoutent 98 personnes en contrat de volontariat international). Les ressources propres de l'Alliance française se sont ainsi établies, en 2011, à 204 millions d'euros issus des frais de scolarité, des certifications, des cotisations des membres, des actions culturelles, des traductions, des dons et legs et du mécénat privé. Les alliances les plus fragiles ne survivront peut-être pas à cette nouvelle mesure d'économie, mais nous ne souhaitons pas maintenir à tout prix l'activité d'un centre incapable de s'autofinancer. En tout état de cause, les 8 500 bénévoles des conseils d'administration des alliances n'en sont que plus indispensables à leur fonctionnement et à l'encadrement des 98 000 personnels locaux, enseignants et administratifs, qui y sont rattachés. En réalité, et bien malheureusement, la diminution des moyens publics en faveur de l'enseignement du français à l'étranger a surtout pour conséquence de mettre en forte concurrence les acteurs sur le terrain.

Enfin, en réponse à M. Louis Duvernois, j'indiquerais que le développement des nouvelles technologies dans nos enseignements fait partie de la démarche qualité que nous avons entreprise. A titre d'exemple, les émissions de TV5 Monde constituent un support de cours fréquent grâce à l'installation de matériel adapté ; l'investissement en tableaux numériques interactifs se poursuit également. L'ensemble du réseau doit cependant continuer à se moderniser et à s'adapter aux nouvelles technologies. La fondation, quant à elle, s'attache à renforcer sa visibilité sur les réseaux sociaux.

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